Nous partageons tous les mêmes marchés, mais pas les mêmes règles du jeu. Un trader qui vise la matinée et un investisseur qui pense à sa retraite n’observent pas le même monde. Comprendre cela, c’est déjà éviter bien des erreurs financières.
Chacun joue un jeu différent
En apparence, nous achetons et vendons les mêmes actions, les mêmes cryptos, au même moment. Mais la réalité est toute autre : nos horizons temporels et nos contraintes ne se ressemblent pas. Le daytrader veut un gain rapide sur Tesla à 800 $, le retraité juge ce prix incohérent sur 20 ans, et un fonds de pension raisonne sur 50 ans. Trois décisions opposées, toutes rationnelles dans leur logique propre.
La bourse est un langage commun. Pourtant chacun y parle son dialecte. L’erreur, c’est de croire qu’il existe une seule vérité d’investissement. L’équation change selon le jeu auquel on participe.
Quand les jeux se mélangent, les erreurs coûtent cher
Beaucoup d’épargnants se fient à des conseils issus d’autres logiques. Un YouTuber vante une crypto « prometteuse » (Source : BFM Crypto), mais pour lui, la revente se fait dans la semaine. Celui qui garde le même actif plusieurs années parce qu’il lui a fait confiance finit souvent par perdre. Même scénario avec un ami marqué par 2008 : il pense que la bourse, c’est du « casino ». Ce jugement s’appliquait à la spéculation court terme, pas à une épargne investie régulièrement dans des fonds indiciels diversifiés destinés à la retraite (Source : Statista, FMI).
- Durée moyenne de détention d’une action aux États-Unis : 5,5 mois (contre plus de 5 ans dans les années 70)
- Part des ETF dans l’épargne longue : +35 % depuis 2015 (Source : Morningstar)
- Horizon moyen des fonds de pension : jusqu’à 50 ans (Source : OECD)
Ces chiffres illustrent la fragmentation des horizons d’investissement. Copier un joueur d’un autre horizon, c’est appliquer des règles fausses pour son propre jeu.
Filtrer avant de suivre
Avant d’écouter un conseil, posons-nous toujours la question clé : “À quel jeu joue la personne qui parle ?” C’est le filtre le plus puissant pour protéger notre capital et nos objectifs.
Quelques repères simples :
- Identifier l’horizon de celui qui conseille (court, moyen, long terme)
- Comparer cet horizon au nôtre
- Évaluer la tolérance au risque et la stabilité du portefeuille
- N’adopter que les stratégies compatibles avec notre contexte
La leçon à retenir
Nous ne jouons pas tous la même partie. Ce n’est pas le produit ou le marché qui fait l’erreur, mais l’inadéquation entre la stratégie et les objectifs. Pour progresser en investissant, apprenons à reconnaître notre jeu et à écouter ceux qui y jouent eux aussi. C’est le meilleur moyen d’éviter les contradictions apparentes et de naviguer sereinement au milieu de marchés multiples et cohérents… chacun à leur manière.
