Les victimes de la dernière explosion de violence dans l’ouest de la Birmanie fuient par milliers après le conflit sanglant qui a opposé bouddhistes et musulmans la semaine dernière dans l’Etat de Rakhine, s’est inquiétée l’ONU dimanche en parlant de plus de 22.000 déplacés et de 4.600 habitations détruites.
Le gouvernement birman a évalué le nombre de morts à 67 la semaine dernière, précisant que 95 personnes avaient également été blessées entre le 21 et le 25 octobre dans sept villes de cette province voisine du Bangladesh. Mais d’après l’ONG Human Right Watch, le nombre de morts serait bien plus élevé que le bilan officiel. L’ethnie rohingya de confession musulmane aurait majoritairement souffert des violences, d’après HRW.
Interrogé par l’Associated Press, Ashok Nigam, le délégué de l’ONU en Birmanie, a expliqué qu’apporter de l’aide à la nouvelle vague de réfugiés sera un réel défi car de nombreux exilés se sont enfuis à bord de bateaux ou ont trouvé refuge sur des collines isolées. « La situation est vraiment très grave et nous collaborons avec le gouvernement pour fournir une aide urgente à ces personnes« , a-t-il assuré.
Parmi les milliers de réfugiés, certains sont arrivés par mer dans la capitale de l’Etat, Sittwe. Ils se sont rendus jusqu’au camp de Thechaung, qui abrite déjà des milliers de Rohingyas. Les membres de cette minorité ethnique s’étaient réfugiés dans cet abri en juin dernier, suite à une nouvelle vague de violences confessionnelles qui avaient forcé 70.000 personnes à fuir.
Ce conflit dans l’ancien royaume d’Arakan perdure depuis des décennies et trouve ses racines dans les origines présumés de l’ethnie rohingya. Le gouvernement birman considère les membres de cette ethnie comme des immigrés clandestins venus du Bangladesh et leur refuse la nationalité birmane. Bien que certains soient arrivés récemment, la plupart vivent en Birmanie depuis des générations. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, les Rohingyas subissent régulièrement de graves discriminations -travail forcé, violences contre les femmes, restrictions sur le déplacement, le mariage ou les naissances.
Cette crise représente un défi majeur pour le gouvernement de Thein Sein et la chef de l’opposition et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, qui a été critiquée récemment par d’autres pays pour ne pas avoir réussi à arrêter la répression des Rohingyas. « La violence, la peur et le manque de confiance vont à l’encontre du développement de la transition démocratique, sociale et économique dans laquelle s’est engagée la Birmanie« , a souligné M. Niga dans un communiqué. « Il ne faudrait pas que cela devienne un obstacle au progrès« .