L’UA doit faire preuve de responsabilité concernant la situation au Mali et la crise entre le Soudan et le Soudan du Sud

PARIS, France, 11 juillet 2012/African Press Organization (APO)/ — Alors que s’ouvert hier le 19ème Sommet de l’Union africaine, à Addis Abeba, Éthiopie, la FIDH appelle les Chefs d’État et de Gouvernement africains à faire preuve de responsabilité en prenant des décisions fortes visant au règlement immédiat et durable des situations de conflits et de crises politiques qui sévissent sur le continent et impactent négativement sur le respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.

« Ce 19ème Sommet de l’Union africaine doit être celui de l’action concrète pour qu’il soit mis un terme immédiat aux crimes de guerre perpétrés au Mali et dans les Kivus; pour que le règlement des différends entre le Soudan et le Soudan du Sud aboutisse ; pour que le conflit cesse au Sud Kordofan et au Nil Bleu et que les populations civiles bénéficient d’une assistance humanitaire. Il en va de la stabilité du continent et de la crédibilité même de l’Union africaine » a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

S’agissant du Mali, l’UA, de concert avec la CEDEO et dans la continuité de la résolution 2056 du Conseil de sécurité adoptée le 5 juillet 2012, doit prendre des mesures pour qu’il soit mis un terme immédiat aux crimes de guerre commis dans le Nord du pays et que l’autorité de l’Etat soit rétablie sur l’ensemble du territoire. L’UA doit également faire entendre sa voix pour que les militaires putschistes s’abstiennent de toute immixtion dans les affaires politiques et laissent les autorités de transition agir sereinement pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Sans cela, c’est tout le Mali qui pourrait être plongé dans l’horreur et la région qui pourrait s’embraser.

De même, l’UA doit dès à présent envisager des sanctions si les les négociations entre le Soudan et le Sud Soudan sur les questions liées notamment à la démarcation des frontières, au statut d’Abyei et au montant des taxes pour le transit du pétrole, devaient échouer dans le délai accordé par l’instance continentale et le Conseil de sécurité des Nations unies.

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sur le Mali, le Soudan, le Soudan du Sud, la Guinée-Bissau et la justice internationale

L’UA doit par ailleurs intensifier ses efforts pour mettre un terme aux violations perpétrées dans les régions soudanaises du Sud Kordofan et du Nil Bleu. Les affrontements armés en cours depuis juin 2011 entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les éléments du SPLM-N, continuent de faire des victimes parmi les populations civiles. Alors que s’aggrave le désastre humanitaire dont sont victimes les près de 300 000 personnes réfugiées et déplacées en raison des combats, l’UA doit faire preuve de fermeté vis-à-vis des autorités soudanaises pour que ces civils puissent bénéficier dans les plus brefs délais d’une assistance sans conditions.

L’instabilité politique et sécuritaire qui prévaut en Guinée-Bissau depuis le coup d’État du 12 avril 2012, devra également faire l’objet de toutes les attentions. La persistance de violations des droits de l’Homme caractérisée par la multiplication d’arrestations et de détentions arbitraires, de restrictions aux libertés d’expression, de manifestation et de circulation, de même que l’immixtion permanente de la junte militaire dans la gestion des affaires politiques du pays constituent les ingrédients d’une détérioration certaine de la situation si aucune mesure n’est prise pour y remédier.

À l’Est de la République démocratique du Congo, les affrontements entre les Forces armées régulières (FARDC), les mutins du Mouvement du 23 mars (M23) et autres groupes armés rebelles, se multiplient et continuent de faire leur lot de victimes parmi les populations civiles, en proie aux exécutions sommaires, violences sexuelles, enrôlements forcés et à la dégradation alarmante de leur situation humanitaire. Certains éléments des groupes rebelles sont réputés proches du Général Bosco Ntaganda, sous le coup, depuis 2006, d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour enrôlement d’enfants soldats perpétrés en Ituri. L’Union africaine doit s’engager résolument dans la stabilisation de l’Est de la RDC en mettant l’accent sur la nécessaire lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves.

Car, alors même que la CPI a mis en garde les islamistes opérant au Mali, qu’elle a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de présumés hauts responsables de crimes au Soudan et en RDC, l’impunité continue de prévaloir dans ces pays et de constituer un terreau fertile à la poursuite des conflits et violences. La FIDH appelle par conséquent les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine à réitérer leur engagement en faveur de la justice pour les victimes de crimes, engagement qui pourrait se traduire dans les faits par un soutien politique et technique aux juridictions pénales nationales et par le renforcement d’une coopération effective avec la Cour pénale internationale.

La FIDH prend d’ailleurs note de la volonté des Chefs d’État et de Gouvernement de l’UA de conférer une compétence pénale à la Cour africaine de justice et des droits de l’Homme pour lui permettre de poursuivre et juger les auteurs des crimes les plus graves. Notre organisation, toutefois inquiète des implications juridiques, politiques et financières d’un tel projet, appelle les Chefs d’États et de Gouvernement de l’UA à poursuivre les concertations autour d’une telle extension. « L’éventuelle mise en place d’une Cour chargée de connaître de crimes graves et complexes ne pourra se faire du jour au lendemain, qui plus est sans une concertation renforcée avec les acteurs pertinents et une coordination avec la CPI. En attendant l’adoption, la ratification, l’entrée en vigueur puis l’opérationnalisation d’une Cour pénale africaine, les victimes des crimes internationaux commis en ce moment même au Mali, au Sud Kordofan, au Nil Bleu, dans les Kivus, continuent de réclamer justice. Le renforcement du soutien aux juridictions nationales et de la coopération avec la CPI doit aujourd’hui constituer la priorité de nos Chefs d’États » a déclaré M. Mabassa Fall, Représentant de la FIDH auprès de l’Union africaine.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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