Tunisie: Les journalistes en grève pour protester contre les pressions des autorités

Les journalistes tunisiens ont observé une grève mardi pour protester contre les pressions qui leur sont imposées par les autorités, après l’arrestation du journaliste Zied el Heni pour avoir accusé le procureur de fomenter des preuves contre un cameraman.

Les journaux du pays se sont tous focalisés sur les faits avec des titres annonçant la grève.

« Les journalistes tunisiens en ont ras-le bol…Mais ils ne baissent pas les bras » a annoncé « Le Temps » en première page, avec Le Quotidien proclamant que « La bataille pour la liberté d’expression fait rage. »

« On peut étouffer les libertés, on peut rétablir insidieusement l’ordre de  la terreur. Mais on entendra toujours le tocsin de la révolte…», a averti La Presse.

Les stations de radio ne diffusent que des informations relatives à la grève générale, comme l’a demandé le Syndicat national des journalistes, qui a appelé à la grève, la deuxième de son histoire.

« Les journalistes tunisiens observent une grève générale le mardi … convoquée par le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Cette grève a été convenue à la suite de l’arrestation de notre collègue Zied el-Heni», a déclaré la radio RTCI.

L’agence de presse officielle TAP, a également déclaré qu’il offrirait un « service minimum couvrant uniquement les événements d’une extrême importance. »

Heni a été placé en détention provisoire le vendredi pour avoir accusé le procureur de la fabrication de preuves impliquant le cameraman Mourad Meherzi dans l’attaque à l’œuf sur le ministre de la culture le mois dernier.

Le cameraman a passé trois semaines en prison avant d’être libéré sous caution, tandis que le lanceur d’œuf –  le cinéaste Nasreddine Shili – est toujours en détention.

Heni a été libéré sous caution le lundi, mais sa détention, qui vient suite à la poursuite d’autres journalistes, des médias et des artistes, a irrité les syndicats et les journalistes du pays.

«Les autorités ne réussiront jamais à dompter les journalistes », a déclaré Heni sur les ondes de la radio Mosaïque FM, dont des bulletins d’informations ont été exclusivement centrés sur la grève.

Beaucoup de journalistes accusent le pouvoir du parti islamiste Ennahda de serrage de la liberté de la presse et de chercher à contrôler les politiques éditoriales des médias publics, notamment en nommant des directeurs conformes.

Ennahda, ainsi que le pouvoir judiciaire et la police ont également été accusé à plusieurs reprises par l’opposition et la société civile d’essayer d’étouffer la liberté d’expression, le seul acquis de la révolution de 2011 qui a déclenché le printemps arabe.

Par ailleurs et toujours dans le même contexte, deux rappeurs ont été condamnés à la fin du mois d’août et condamnés à des peines de prison de 21 mois en raison de chansons jugées diffamatoires à l’égard des forces de police, il s’agit des rappeurs Weld el 15 et Klay BBJ.

Les droits des médias en Tunisie sont théoriquement régies par deux décrets adoptés après la révolution, destinés à garantir la liberté de la presse et de réglementer les médias audiovisuels.

Mais le ministère de l’intérieur continue de s’appuyer sur le code pénal hérité du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali et toujours en vigueur, en vertu duquel les délits de presse peuvent être sanctionnés par des peines de prison.

 

Le journaliste tunisien Zied aux questions el-Heni réponses des journalistes le 16 Septembre 2013 sur la place de la Kasbah à Tunis.
Le journaliste Zied el-Heni répondant aux questions des journalistes le 16 Septembre 2013 sur la place de la Kasbah à Tunis.

Auteur de l’article : Anas.T

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