Mohamed Ghannouchi

Mohamed Ghannouchi: Encore des zones d’ombre non-révélées

La commission des martyrs et des blessés de la révolution et d’Amnistie générale a auditionné mercredi l’ancien premier ministre, Mohamed Ghannouchi.

Mohamed GhannouchiLa réunion, qui a enregistré une forte présence médiatique, a porté sur les circonstances au moment de la fuite de l’ex-président Ben Ali à l’étranger, le recours à l’article 56 de l’ancienne constitution et par la suite de l’article 57.

Il s’agit aussi des circonstances qui ont entouré la publication du décret-loi d’amnistie générale et d’autres questions en rapport avec la période durant laquelle M. Ghannouchi a présidé le gouvernement avant et après le 14 janvier.

En réponse aux interrogations des membres de la commission M. Ghannouchi a passé en revue les prérogatives du premier ministre sous l’ancien régime particulièrement suite à l’amendement de la constitution en 1988.

Il a expliqué que le premier ministre sous le régime de Ben Ali n’était pas responsable de la marche de l’administration mais que sa tache se limitait à la coordination et au suivi des dossiers économiques et sociaux qui lui sont soumis par le président de la république ou par les ministres.

Evoquant les évènements de la journée du 14 janvier au palais de Carthage, M. Ghannouchi a déclaré que la Tunisie a réussi à éviter des scénarios similaires à ceux vécues par d’autres révolutions arabes et un plan dressé par certaines parties pour permettre le retour du président déchu en Tunisie après la stabilisation de la situation. Il a souligné que d’autres détails de ces évènements n’ont pas été encore révélés à ce jour.

Il a soutenu être à l’origine de l’appel, le 14 janvier 2011, pour la réunion du conseil constitutionnel afin d’assurer le transfert des pouvoirs et dépasser la confusion suite à l’adoption de l’article 56 de la constitution. Il s’agissait par conséquent, a-t-il estimé, d’empêcher le retour du président déchu en Tunisie, chose qu’il a suspectée suite à un entretien téléphonique avec Ben Ali après sa fuite du pays.

M. Ghannouchi a estimé que la courte période passée à la tête du gouvernement après le 14 janvier, avait été une étape importante dans la transition démocratique en Tunisie, citant les décrets-lois qui ont été adoptés et la préservation de l’Etat.

Il a soutenu que la principale raison de sa démission de son poste le 27 février 2011 n’était pas la fuite devant ses responsabilités, mais parce qu’il était convaincu qu’il ne pouvait plus les assumer.  »J’étais incapable de suivre les évènements dans le pays… les évènements sécuritaires et autres… alors j’ai décidé de démissionner », a-t-il dit.

Concernant les circonstances de la publication, le 18 février 2011, de la loi d’amnistie générale, M. Ghannouchi a indiqué que le texte a été fondé sur la loi d’amnistie générale adoptée en 1988. Il a reconnu qu’il existe dans ce texte des défaillances qui n’ont pu être relevées qu’après sa publication. Ces défaillances, a-t-il précisé, s’expliquent par un attachement du gouvernement de transition de l’époque à s’assurer d’une réconciliation nationale et à rassembler les Tunisiens autour d’un seul objectif à savoir sortir le pays de la situation dans laquelle il s’est enlisé.

Pour ce qui est des indemnisations prévues au profit des familles des martyrs et des blessés de la révolution par le décret-loi n°1 en date de 2011, l’ancien premier ministre a indiqué avoir proposé une enveloppe de 30 mille dinars qui est réduite à 20 mille dinars par la suite. Il a aussi indiqué avoir proposé de donner 3 mille dinars comme avance aux blessés de la révolution. Il a reconnu la responsabilité de l’ancien gouvernement du fait que les blessés de la révolution et les cas graves n’ont pas pu bénéficier de soins à l’étranger.

Dans son témoignage, M. Ghannouchi a évoqué les violences qui ont accompagnées la levée du sit-in Kasbah I par les forces de l’ordre. ‘‘Cette décision n’était pas conforme à mes instructions qui interdisaient aux forces de l’ordre tout usage de violences », a-t-il dit.

Sur un autre plan, l’ancien premier ministre a affirmé qu’il n’était pas informé de l’existence des snipers, indiquant que les informations qu’il détenait à ce sujet se limitaient aux déclarations du président de la commission d’investigation, Taoufik Bouderbala qui avait affirmé qu’il s’agissait d’agents de l’ordre postés sur les toits des locaux sécuritaires pour les protéger des agressions.

M. Ghannouchi a reconnu la réussite du gouvernement de Beji Caid Essebsi dans la conduite du pays vers l’organisation des premières élections démocratiques et transparentes de l’histoire de la Tunisie. Il a soutenu qu’une part de cette réussite est l’oeuvre de son propre gouvernement qui a préparé la plate-forme adéquate pour le gouvernement qui a suivi pour conduite du pays.

Mr Mohamed Ghannouchi : ex-Premier Ministre tunisien
Mohamed Ghannouchi : Ancien Premier Ministre tunisien

Auteur de l’article : Ghaith J.

Manager Général du portail Tixup.com et directeur de la publication, passionné par les nouvelles médias, je prends part à l'aventure Tixup depuis la naissance du site.

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