Les trois jeunes femmes du groupe punk russe des Pussy Riot ont été condamnées à deux ans de camp pénitentiaire chacune vendredi pour avoir chanté une « prière » anti-Poutine dans une cathédrale de Moscou en février. Le procès faisait figure de test démocratique pour la Russie, un peu plus de 100 jours après le retour de Vladimir Poutine aux commandes.
La juge Maria Sirova a déclaré Nadejda Tolokonnikova, 23 ans, Maria Alejina, 24 ans, et Ekaterina Samoutsevich, 29 ans, coupables de « hooliganisme motivé par la haine de la religion » et a estimé qu’elles avaient offensé les croyants.
La loi prévoit jusqu’à sept ans de prison pour ce crime mais l’accusation en avait requis trois contre les jeunes femmes, détenues depuis mars. La magistrate a déclaré avoir tenu compte de circonstances atténuantes mais a ajouté qu’un geste pareil ne pouvait être sanctionné que par de la prison. Vladimir Poutine avait dénoncé l’acte mais souhaité que la peine ne soit pas « trop sévère ».
Le 21 février, cinq membres des Pussy Riot en collants et robe courte et affublées de cagoules de couleurs vives avaient dansé et chanté dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou, criant notamment « Marie mère de Dieu, chasse Poutine!« .
Le procès met en lumière l’influence de l’église orthodoxe russe, réprimée du temps de l’Union soviétique. Malgré la séparation officielle de l’Eglise et de l’Etat, l’église se considère comme le coeur de l’identité nationale russe. Ses détracteurs estiment qu’elle constitue de fait un quasi-Etat dans l’Etat.
Un important dispositif policier avait été déployé autour du tribunal de Moscou pour contenir une foule de plusieurs centaines de manifestants et fans du groupe punk.
Des manifestations de soutien aux Pussy Riot étaient organisées à Moscou devant le tribunal ainsi que dans de nombreuses villes du monde vendredi, notamment à Paris.
A Moscou, des centaines de manifestants s’étaient réunis dans la petite rue du tribunal, aux cris de « La Russie sans Poutine! », malgré une présence policière accrue. Plusieurs participants ont été arrêtés, dont l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov et l’opposant de gauche Sergueï Oudaltsov.
Des personnalités comme Madonna, Björk ou Paul McCartney ont également exprimé leur soutien au groupe féministe punk.