Ce que tout le monde craignait est en passe d’arriver après l’intervention de la police égyptienne qui a commencé, très tôt mercredi 14 août, pour évacuer de force plusieurs places du Caire, occupées depuis un mois et demi par les partisans du président déchu Mohamed Morsi. L’opération, que le pouvoir ne voulait pas voir se transformer en « bain de sang », a pourtant fait de nombreuses victimes.
Les déclarations au sujet du bilan se contredisent, notamment en raison de l’interdiction faite aux journalistes d’accéder dans la zone. Selon l’AFP, 124 manifestants pro-Morsi ont été tués sur la place Rabiya Al-Adawiya. Cela sans compter les morts éventuels des autres rassemblements au Caire, ni de ceux d’autres affrontements en cours dans le pays. Les Frères musulmans, eux, parlent d’un véritable « massacre », ils évoquent désormais le chiffre de 500 morts et au moins 10 000 blessés ce qui est jugé exagéré. Le ministère de la santé ne fait état que de 15 morts, dont 5 parmi les forces de sécurité, et 179 blessés.
Rabiya Al-Adawiya, zone bouclée
C’est sur le plus grand campement, situé près de la mosquée Rabiya Al-Adawiya, que l’intervention musclée avait commencé. La police a d’abord bouclé plusieurs rues, des hélicoptères survolaient la place en diffusant des messages par haut-parleur demandant aux manifestants d’évacuer la place, avant que la police ne commence à tirer des bombes de gaz lacrymogène sur la foule. Des images de télévision ont montré des bulldozers enfoncer ces barrières de fortunes. Des snipers étaient également placés sur les toits autour de la place, enveloppée de volutes de fumée.
L’accès a été ensuite bloqué par les forces de sécurité à la place avant de parvenir près du cœur du campement, mais les informations parviennent encore de manière très parcellaire. Selon un porte-parole des Frères musulmans, le courant électrique a été intégralement coupé sur la place Rabiya, « même dans les centres médicaux ». Les affrontements continuaient violemment en milieu entre policiers et pro-Morsi sur cette place.
