Ridha Grira révèle les dessous de la fuite de Ben Ali

Ridha Grira, ex ministre de la Défense, a accordé au journal Alchourouk une interview au cours de laquelle il a expliqué quelques détails concernant la fuite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali et les événements qui ont précédé le 14 janvier, date historique de la Tunisie.

Ridha Grira : ex Ministre de la Défense
Ridha Grira : ex Ministre de la Défense

En effet, l’ex ministre de la Défense, Mr Ridha Grira, a voulu mettre fin aux différentes versions que les médias ont relayé depuis la fuite de l’ex président Ben Ali et s’expliquer sur des rumeurs qui ont fait surface, entre autres, l’intervention de pays étrangers et la position de l’armée tunisienne vis à vis des événements passés.

L’armée tunisienne doit intervenir

Mr Grira a commencé son interview par un appel téléphonique reçu de la part du président déchu le matin du dimanche 9 janvier l’informant qu’il faut déployer l’armée sur tout le sol tunisien pour se joindre aux forces de l’ordre pour instaurer « la sécurité » et l’ordre partout en Tunisie et l’invitant en même temps à rejoindre le ministère de l’Intérieur pour une réunion avec le ministre Rafik Hadj Kacem, ministre de l’intérieur de l’époque, et d’autres cadres de la sûreté et la garde nationale pour s’organiser et mettre le plan d’action pour s’entraider entre la police et les militaires.

Ali Seriati pour la coordination avec l’armée

Ali Seriati
Ali Seriati : ex-Général rapproché de Ben Ali

Première surprise rencontrée par Mr Ridha Grira est la présence du général Ali Seriati, directeur de la Sûreté du président, qui se présente comme la personne qui se chargera de la coordination entre la police et l’armée, ce qui a choqué l’ex ministre de la Défense qui ajoute que le général Ali Seriati n’est pas qualifié pour donner des ordres aux militaires. Peu après la réunion, Mr Grira demande à l’armée de ne pas exécuter aucun ordre émanant du général Seriati.

Mr Ridha Grira ajoute qu’au cours de la réunion, Ali Seriati a évoqué la distribution de sommes d’argent à des tiers qu’il n’a pas pu identifié, choqué par cette attitude, Mr Grira a réagi sur le champs en refusant catégoriquement cette méthode de travail.

Intervention de l’armée tunisienne

Effectivement, comme convenue avec le président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, et le ministère de l’intérieur, Rafik Hadj Kacem, l’armée tunisienne s’est déployée le lundi, 10 janvier 2011, et a commencé à remettre de l’ordre dans le pays en collaboration avec les forces de la police et s’est poursuivie durant les jours suivants quand la révolution s’intensifie de plus en plus. Durant ces jours, les rumeurs font surface quotidiennement, la plus marquante est celle qui annonce que le Général Rachid Ammar a été arrêté et mis sous surveillance à cause de son refus de tirer sur les foules des manifestants, des rumeurs allant même à annoncer l’exécution du Général après son refus, des intox selon Mr Grira qui ajoute que le Général Ammar exerçait ses fonctions normalement.

Concernant des discussions entre le ministère de la Défense et des parties étrangères, Mr Grira a déclaré qu’aucune relation n’a été effectuée ni avant ni après le 14 janvier, aucune discussion n’a eu lieu avec les pays étrangers et encore moins avec les ambassades de ces derniers.

Ali Seriati met en garde d’un vide présidentiel

Zine El Abidine Ben Ali
Zine El Abidine Ben Ali

L’après-midi du jeudi 13 janvier, quelques heures avant le discours tant attendu du président déchu, Mr Grira déclare que le général Ali Seriati lui a téléphoné en lui demandant une meilleure efficacité de l’armée tunisienne pour remettre de l’ordre et instaurer la sécurité dans le pays ajoutant que l’armée doit démontrer plus d’efficacité, dans le cas contraire, il est possible qu’il n’y aura aucun président pour la Tunisie le lendemain (faisant allusion au vendredi 14 janvier, ndlr).

Mr Grira a avoué que l’appel téléphonique du général Seriat lui a trop occupé, particulièrement, le point où il évoque l’inexistence d’un président, mais n’a pas donné plus d’intérêt à ces propos vue que l’armée tunisienne fait ce qu’elle peut avec les moyens mis à sa disposition et qu’elle ne peut donner plus que sa capacité.

Les forces de la police rendent les armes

Après le discours attendu par tout le pays, un officier militaire informe Mr Grira que plusieurs agents de la garde nationale et des forces de la police sont entrain de rendre leurs armes aux casernes militaires, l’ex ministre de la Défense ordonne alors de n’accepter aucune arme pour éviter un éventuel complot contre l’armée. Aussitôt informé, Mr Grira appelle le premier ministre Mr Mohamed Ghannouchi qui lui demande d’appeler le ministre de l’Intérieur, Mr Ahmed Friâa, nommé quelques jours auparavant.

Le lendemain, à 7h30 du matin, Mr Grira déclare avoir appelé le président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, et l’informe de ce qui s’est passé la veille et lui fait part de ses inquiétudes d’un éventuel complot contre l’armée. C’est alors que l’ex président le rassure, lui explique que les agents de la police ont peur que les manifestants leur arrachent leurs armes et lui demande d’accepter les armes rendues.

Général Rachid Ammar
Général Rachid Ammar

Vers midi, le président déchu rappelle Mr Ridha Grira lui demandant des explications concernant un hélicoptère militaire présumé qui devrait atterrir sur le toit du palais présidentiel de Carthage, piloté par des agents de police cagoulés qui ont l’intention de bombarder le palais avec ses habitants, une information que le président déchu a eu par Ali Seriati. Mr Grira lui informe alors qu’aucun ordre n’a été donné pour la prise d’un hélicoptère et vérifie auprès de l’armé de l’air pour en être certain, chose faite, il rappelle l’ex président pour le rassurer encore, ce dernier lui demande alors “pourquoi Seriati lui a dit ceci”, textement; “ ???? ???????? ????? ??????”. Quinze minutes plus tard, Zine El Abidine Ben Ali a rappelé le ministre de la Défense en lui demandant d’envoyer le Général Ammar au ministère de l’Intérieur pour s’occuper de la coordination entre les forces de police et l’armée.

Mr Ridha Grira informe nos confrères du journal Alchourouk qu’il n’a pas reçu d’appel téléphonique de la part du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, toute l’après-midi et jusqu’à 17h30 du même jour, le 14 janvier 2011, son téléphone sonne, c’est à ce moment là qu’on lui informe que l’avion présidentiel a décollé de l’aéroport de la base militaire de l’Aouina avec Zine El Abidine Ben Ali à bord de l’appareil.

Arrestation du général Ali Seriati

Après le décollage de l’avion présidentiel, Mr Grira déclare avoir appelé un officier à la base de l’Aouina et lui a demandé d’arrêter le général Ali Seriati qui se trouvait sur place en compagnie du chef des cérémonies. C’est sur l’ordre de l’ex ministre de la Défense qu’Ali Seriati a été arrêté et lui a été retiré son téléphone portable et son arme.

Mr Ridha Grira avoue que la décision était difficile à prendre mais c’était surement la bonne pour le bien de la Tunisie et sa protection. Il ajoute qu’il a reçu plus tard un appel téléphonique d’un numéro inconnu, il a donc décroché et c’était la surprise de l’autre bout du téléphone, Zine El Abidine Ben Ali lui a appelé pour lui passer un message sauf que la ligne a été coupée à peine quelques secondes après que ce dernier lui a informé de son identité et qu’il se trouvait à bord de l’avion…

L’ex ministre de la Défense a déclaré que la voix du président déchu était discontinue et que son état lui semblait être l’état d’une personne sous l’effet d’alcool ou d’une drogue.

Mr Grira a déclaré aussi qu’il y a eu des choses qui se sont passées au palais présidentiel de Carthage mais qu’il n’a pas des détails vu qu’il n’y était pas.

Ridha Grira - Zine El Abidine Ben Ali - Ali Seriati
Ridha Grira - Zine El Abidine Ben Ali - Ali Seriati

Auteur de l’article : Ghaith J.

Manager Général du portail Tixup.com et directeur de la publication, passionné par les nouvelles médias, je prends part à l'aventure Tixup depuis la naissance du site.

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