Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, Ennahdha a adopté une disposition dans son programme pour faire de l’atteinte au sacré un crime, selon les conclusions de son congrès rendues publiques dans la nuit de lundi à mardi.
Lisant la déclaration finale, le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a déclaré que les délégués avaient adopté dans une motion la nécessité de criminaliser l’atteinte au sacré, incluant donc cette mesure dans leur programme politique.
Il n’a pas donné plus de précisions à ce sujet et les textes des motions adoptées par Ennahdha n’ont pas été communiqués.
L’atteinte au sacré est un sujet sensible en Tunisie, le pays ayant connu en juin une vague de violences sans précédent depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.
A l’origine des troubles déclenchés par la mouvance salafiste, une exposition d’art à La Marsa (banlieue nord de Tunis) dont certaines œuvres ont été jugées offensantes pour l’islam. Ces violences ont entraîné un couvre-feu dans plusieurs régions du pays.
Ennahdha se pose en parti islamiste modéré et centriste, deux termes placés au coeur de leur congrès qui a duré cinq jours. L’opposition parlementaire les soupçonnent néanmoins toujours de tentations hégémoniques et craint une islamisation rampante du pays.
M. Mekki, lisant la déclaration finale, a assuré que le parti islamiste voulait établir un Etat civil inspiré par les valeurs musulmanes et les acquis humains.
Les deux alliés de centre-gauche d’Ennahda estiment pour leur part que ce parti a intégré les principes républicains, d’autant qu’il a renoncé à faire inscrire explicitement la charia –la loi coranique– dans la Constitution en cours d’élaboration.