De nouvelles violences à Bangui, capitale de la République centrafricaine

GENEVE, Suisse, 18 septembre 2013/African Press Organization (APO)/ — Les récentes flambées de combats dans la banlieue nord de Bangui, capitale de la République centrafricaine, ont entraîné le déplacement de milliers de personnes et souligné une fois de plus l’insécurité persistante qui sévit dans le pays depuis fin 2012.

Entre le 20 et 27 août, des milices de la Séléka sont entrées dans les quartiers, Boeing et Boy- Rabe à Bangui. Les combattants, une partie du groupe qui a renversé le Gouvernement centrafricain au mois de mars, ont utilisé des armes à feu et armes lourdes pour pénétrer dans les maisons, poussant ainsi à la fuite de centaines de personnes en quête de sécurité. Plus de 10 personnes auraient été tuées.

Certains ont trouvé un refuge temporaire dans les couloirs de l’Hôpital de l’Amitié à Bangui, car ils avaient trop peur de rentrer chez eux en raison des meurtres et pillages arbitraires. Valérie *, une veuve de 45 ans et mère de cinq enfants, raconte son calvaire.

« Mes enfants et moi avons entendu des détonations d’armes à feu et d’armes lourdes. Nous avons eu peur et nous avons immédiatement commencé à emballer nos affaires », dit-elle.

Valérie déclare que l’incident a ravivé de douloureux souvenirs d’une précédente violente attaque par les forces Séléka en avril, lorsqu’elle et sa fille de 18 ans ont été violées par trois hommes.

«J’ai juré de ne plus jamais revivre un tel traumatisme» dit-elle, prise de sanglots.

En décembre 2012, les forces rebelles dans le nord ont commencé à progresser en direction de Bangui. Ce groupe est devenu connu sous le nom de Séléka, qui signifie « coalition » en Sango, la langue nationale. Ce groupe a finalement renversé le Gouvernement de l’ancien président François Bozizé, en mars 2013.

L’insécurité et la violence ont continué presque sans relâche les mois qui ont suivi, et l’ensemble des 4,6 millions d’habitants du pays ont été touchés par cette crise.

 » Que veulent-ils? Veulent-ils nous tuer ?  »

Plus de 310 000 personnes ont été forcées de quitter leurs maisons depuis le début de la crise et près de 60 000 ont fui dans les pays frontaliers.

« L’effondrement de la loi et de l’ordre en RCA est absolu et représente une profonde préoccupation pour la communauté humanitaire », a déclaré Kaarina Immonen, Coordonnatrice de l’action humanitaire de l’ONU dans le pays. « Cette crise continue d’avoir un grave impact sur la population civile qui est la cible de violations persistantes de la dignité humaine et du droit international humanitaire. J’exhorte le Gouvernement de transition à prendre des mesures pour veiller à la protection des civils.»

Sylvain, 28 ans, divorcé et père de deux enfants, était parmi ceux qui se sont échappés de Boy- Rabe en quête de sécurité à l’hôpital. Il se rappelle de la terreur qu’il a ressentie lorsque les éléments de la Séléka sont entrés dans sa communauté le 26 août.

«Nous avons entendu des combattants armés crier dans les rues, en disant qu’ils allaient tuer tous les hommes qui vivaient à Boy-Rabe », raconte t-il. « Cela fait six mois que la Séléka est arrivé au pouvoir. Que veut-elle? Veut-elle tous nous tuer? »

Environ 500 personnes comme Valérie, Sylvain et leur famille se sont réfugiées à l’Hôpital de l’Amitié. Le 28 août, une évaluation conjointe d’OCHA et du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) (lien: http://www.unicef.org/infobycountry/car.html) a constaté que les personnes réfugiées à l’hôpital ont besoin d’une aide humanitaire de base en santé, alimentation, eau et assainissement et protection.

A Boeing, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) estime que 5 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, se sont réfugiées à l’aéroport international de Bangui suite aux combats (lien: http://www.unhcr.org/pages/49e45c156.html).

Le 29 août, les personnes à l’aéroport ont été dispersées. Celles de l’hôpital de l’Amitié sont également rentrées chez elles. La Force multinationale de l’Afrique centrale déployée en RCA par la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale mène désormais des patrouilles dans ces quartiers.

La violence ne se limite pas à Bangui

De violents affrontements dans le nord- ouest ont également été signalés tout au long du mois d’août et septembre. Durant le week-end du 8-9 septembre, deux membres de l’ONG ACTED ont été tués à Bossangoa, à environ 300 km au nord de la capitale.

«Il est choquant que les travailleurs humanitaires aient été ciblés et ces meurtres doivent être vigoureusement condamnés», a déclaré la Coordonnatrice de l’action humanitaire, Kaarina Immonen, lors d’un communiqué de presse publié le 11 septembre. «J’exhorte les autorités et toutes les parties au conflit à respecter le personnel et biens humanitaires et à traduire en justice les responsables de ces actes inacceptables ».

*Tous les noms ont été changés

Auteur de l’article : Agence-Presse

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