Habib Kazdaghli

Le parquet alourdit les poursuites contre Habib Kazdaghli

Le parquet a requalifié jeudi les faits reprochés au doyen d’une faculté tunisienne, accusé d’avoir agressé une étudiante en niqab et qui risque désormais cinq ans de prison.

Poursuivi dans un premier temps pour une agression sans gravité, Habib Kazdaghli encourait 15 jours de prison. Mais le parquet a requalifié les faits jeudi en acte de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, un crime passible de cinq ans de détention.

Le tribunal a fixé au 25 octobre la prochaine audience.

Habib Kazdaghli
Habib Kazdaghli

Le doyen de la faculté tunisienne des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, qui rejette ces accusations et s’estime au contraire la victime d’une agression, a dénoncé un procès visant l’université, la modernité et le savoir.

Ceux qui m’ont traîné ici aujourd’hui sont les mêmes qui s’attaquent aux libertés et au drapeau national, a déclaré, en référence aux islamistes extrémistes, M. Kazdaghli entouré de quelque 200 partisans devant le siège du tribunal de première instance de la Manouba, à 30 km de Tunis.

Cette histoire est un prétexte pour (défendre) un autre projet de société, celui de séparer les filles et les garçons à l’université. Ce n’est pas un projet de modernité. Aujourd’hui, c’est le procès de l’université, notre pont vers le monde et le progrès, a-t-il dit.

Un avocat mandaté dans cette affaire par la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Mohamed Hedi Laabidi, a pour sa part estimé que des membres du gouvernement dominé par les islamistes n’étaient pas étrangers aux poursuites visant le doyen.

Il ne fait aucun doute que le gouvernement est impliqué dans ce procès, le ministre de l’Enseignement supérieur, le ministre de l’Intérieur, a-t-il déclaré.

C’est un montage car (le doyen) refuse de s’inscrire dans un modèle de société (…) contraire à la modernité, a encore dit l’avocat.

Les manifestants ont pour leur part crié de nombreux slogans de soutien à M. Kazdaghli et à la liberté. Plusieurs dizaines ont ensuite chanté l’hymne national à l’entrée du tribunal.

Ils se sont dispersés dans le calme en fin de matinée, à l’issue de cette première audience.

Les faits pour lesquels le doyen est jugé remontent à mars, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis a sac son bureau, selon lui. L’une d’entre elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le voile intégral en salle de cours, accuse l’universitaire de l’avoir giflée.

Un bras de fer oppose cette faculté de 13.000 étudiants aux salafistes depuis le 28 novembre, lorsque des étudiants et des salafistes avaient organisé un sit-in pour réclamer l’accès en cours des étudiantes en niqab.

Auteur de l’article : La Rédaction

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