Depuis deux semaines, nous assistons tous à des manifestations et des grèves un peu partout en Tunisie, dans des compagnies aériennes, des ministères, des commerces, assurances, banques et plusieurs autres établissements et institutions. Nous assistons à des personnes qui demandent des augmentations de salaires, des virements des directeurs et d’autres avantages, entre autres des chèques-restos…
Des personnes peu scrupuleuses qui profitent d’une révolution que les jeunes ont mené pour faire chuter un gouvernement dictatorial, des personnes qui manifestent un égoïsme sans précédent, des personnes qui veulent user d’un pays qui passe par une situation sensible. La majorité de ces personnes ont participé passivement à la révolution tunisienne, cette majorité a participé en tant que spectatrice et pense que c’est le temps ou jamais pour présenter des demandes tout en faisant pression sur un état affaibli par des vols.
Citons le cas de grève du personnel navigant commercial (PNC) de Tunisair qui a causé des perturbations conséquentes dont l’annulation de plusieurs vols. Le PNC de Tunisair exige le renforcement du personnel à bord de l’avion, estimant que 5 hôtesses et stewards de l’air sont insuffisants pour la gestion du vol au bord de l’appareil, en outre, il demande la titularisation de plusieurs d’entre eux. C’est normal, ce personnel ne veut plus se fatiguer et souhaite renforcer son équipe de bord pour travailler avec un peu plus de tranquillité… Et aujourd’hui, samedi 12 février, les avions de la compagnie Tunisair ont préféré faire la grasse matinée et rester au sol.
La grève à Tunisair a obligé des passagers à rester bloqués à l’aéroport Tunis-Carthage, après tout, le PNC ne se soucie pas des engagements de toutes ces personnes perdues au milieu des demandes (personnelles?) du personnel navigant.
Le cas de Tunisair n’est pas le seul que nous avons pu noter au cours de ces derniers jours et y en aura encore au vu des demandes peu scrupuleuses, des demandes que toutes ces personnes souhaitent réaliser rapidement et en toute urgence…
Le personnel de Tunisiana a décidé aussi de « demander » des… augmentations de salaire, sachant qu’une récente étude a montré que le personnel de cette entreprise est le mieux payé dans le pays… Les grèves ne sont plus des actions pour dénoncer un abus ou faire pression pour corriger un fait de corruption ou d’injustice, maintenant les grèves demandent des augmentations de salaire, un travail non-fatiguant et bien payé…
Plusieurs personnes ont manifesté leur mécontentement envers ces grèves sur les réseaux sociaux, certains ont lancé des appels à embaucher les chômeurs et licencier ces grévistes… une porte de sortie pour le pays pour relancer l’économie nationale sachant que le tourisme se détériore de jour en jour…
Bien qu’il avait peut être plus que 60 ans, je me souviens de ce chauffeur de taxi qui m’a dit un jour, la grève s’appelle ainsi seulement quand elle aura une finalité pour l’intérêt général du pays, parce que même si c’est une entité qui fait la grève, c’est pour son intérêt vu que d’autres personnes sont touchées indirectement.
Mohamed Bouazizi s’était immolé en feu pour sa dignité, pour son droit à un travail. Maintenant la révolution de la dignité devient la révolution des intérêts!
