L’aide humanitaire doit rester une priorité dans les camps de Dadaab, en dépit du retour de réfugiés en Somalie

GENEVE, Suisse, 10 mars 2014/African Press Organization (APO)/ — Tandis que les programmes visant au retour volontaire de centaines de milliers de réfugiés somaliens dans leur pays se précisent [1], Médecins Sans Frontières (MSF) a de nouveau insistée pour que ce processus ne se fasse pas au détriment de l’aide fournie aux personnes qui restent dans les camps de réfugiés de Dadaab au Kenya. Avec de nombreuses organisations confrontées à des coupures budgétaires, et à face à la détérioration de la sécurité, MSF demande instamment aux donateurs internationaux d’assurer l’aide humanitaire, et demande au gouvernement du Kenya d’améliorer la protection des réfugiés.

MSF publie aujourd’hui une étude qui met en lumière les conditions de vie inadéquates et l’insécurité qui règnent à Dagahaley, un des cinq camps formant de Dadaab, au nord-est du Kenya. Le rapport Dadaab refugees : An uncertain tomorrow (Réfugiés à Dadaab : un avenir incertain) fournit également les détails d’une enquête effectuée l’an passé par MSF à Dagahaley.

« Les résultats de notre évaluation révèlent des conditions lamentablement inadéquates à Dagahaley » commente Charles Gaudry, chef de mission pour MSF au Kenya. « Par exemple, 41 % des réfugiés interrogés affirment que leurs abris ne fournissent pas de protection suffisante contre la pluie, et environ un réfugié sur dix n’a pas accès aux latrines ».

Les données recueillies cette année font à nouveau état d’une situation grave. En janvier, MSF a traité 2 346 cas de diarrhées hydriques, soit plus de 900 cas de plus que l’année précédente sur la même période. « Ceci représente une augmentation de 39 %, et illustre l’urgence des améliorations à apporter au camp, en termes d’hygiène et d’abri » poursuit Charles. « Les conditions de vie actuelles des réfugiés sont tout simplement inacceptables ».

Dans le cadre de l’évaluation, les réfugiés ont également été interrogés sur leur désir de rentrer en Somalie. Malgré les conditions de Dagahaley, quatre réfugiés sur cinq ont affirmé ne pas avoir l’intention de rentrer dans leur pays d’origine.

La malnutrition continue de nuire gravement à la santé des populations de Dagahaley, bien qu’elle ne soit pas actuellement à un niveau critique. La surveillance en cours met en évidence une large cohorte d’enfants malnutris, avec une moyenne mensuelle de 175 nouvelles admissions au programme MSF de nutrition thérapeutique ambulatoire. Chaque mois, 49 enfants malnutris victimes de complications médicales sont admis à l’hôpital de MSF.

« Avec des conditions aussi déplorables dans le camp, les équipes médicales de MSF restent en alerte pour détecter la moindre détérioration de la situation alimentaire » précise Charles. « La réduction du financement des ONG est un souci majeur. Par exemple, le Programme Alimentaire Mondial a dû réduire ses rations alimentaires de 20 % en novembre et décembre à Dadaab. Si de telles coupes se reproduisent, cela aura des conséquences graves sur la santé et le statut nutritionnel des réfugiés ».

À la lumière de la situation actuelle, et malgré les programmes encadrant le retour de réfugiés en Somalie, MSF insiste fortement auprès des différents acteurs, et en particulier auprès des donateurs internationaux, pour qu’ils assurent un financement adéquat qui permette de continuer à fournir aide et sécurité aux camps du Kenya. MSF exhorte également le gouvernement kenyan à assurer la protection des réfugiés et à améliorer la sécurité dans les camps, de telle sorte que les ONG puissent y accéder et fournir leur assistance. L’organisation souligne également que les efforts déployés par le gouvernement kenyan et le HCR pour améliorer la dignité et la sécurité des réfugiés au cours du processus de retour doivent être maintenus.

MSF est présente à Dadaab depuis plus de 20 ans et est actuellement le seul fournisseur de soins médicaux dans le camp de Dagahaley. Chaque mois, les équipes de MSF pratiquent environ 18 000 consultations médicales en ambulatoire et admettent environ 450 patients issus de la population d’accueil ou de celle des réfugiés à l’hôpital de Dagahaley.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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