Illégalités et atteintes aux droits de l’homme, une réalité qui persiste dans le secteur forestier en RDC

KINSHASA, République démocratique du Congo (RDC), 3 mars 2014/African Press Organization (APO)/ — Un an après la publication du rapport de Greenpeace Afrique sur la situation de l’exploitation forestière en République Démocratique du Congo (RDC), et l’entrée en vigueur du Règlement Bois de l’Union Européenne (RBUE), le secteur forestier en RDC demeure dans un état de chaos organisé et continue à alimenter le marché de bois illégal en Europe.

Il y a exactement un an, Greenpeace Afrique a publié le rapport « Coupez ! L’exploitation forestière illégale en République démocratique du Congo – un mauvais scénario ». Compilé sur la base de recherches et de visites de terrain, le rapport expose les effets dévastateurs du manque de gouvernance, d’application des lois et de transparence, sur la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et sur les populations qui en dépendent.

La publication de ce rapport a coïncidé avec l’entrée en vigueur du RBUE qui interdit l’importation de bois d’origine illégale et de produits dérivés sur le marché de l’Union européenne.

Un an plus tard, en dépit de cette législation et de timides avancées, le chaos organisé continue. Certaines sociétés d’exploitation forestière continuent à exploiter en toute illégalité, contournent le moratoire sur l’allocation de permis d’exploitation industrielle par l’utilisation illégale de permis artisanaux, et recourent même à la violence à l’encontre des communautés locales.

«Les sociétés d’exploitation forestière continuent à bafouer la loi congolaise et les droits des communautés forestières en toute impunité», déclare Raoul Monsembula, Coordonnateur national de Greenpeace Afrique en RDC. «Le secteur forestier de la RDC continue d’échapper à toute surveillance, plusieurs cas d’illégalités ont été répertoriés et exposés par Greenpeace Afrique, certains avec des atteintes aux droits de l’homme».

Par ailleurs, appliqué de manière stricte par les gouvernements de l’UE, le RBUE aurait pu contribuer à la lutte contre l’exploitation forestière et le commerce illégal aussi bien en RDC qu’en Europe. Mais malheureusement, plusieurs cas de bois illégal en provenance de la RDC retrouvé sur le marché européen ont été exposés par Greenpeace et ses partenaires au cours des 12 derniers mois.

Le cas le plus récent est celui de janvier dernier, lorsque Greenpeace France a déposé une plainte en vertu du RBUE après l’exposition d’un lot de grumes de l’entreprise Sicobois, soupçonné d’être illégal dans le port de Caen. Les résultats de la recherche sur le terrain publiés aujourd’hui par Greenpeace Afrique montrent que non seulement l’entreprise exploite illégalement mais aussi qu’elle est directement et de manière répétée liée à un violent conflit social dans ses concessions d’exploitation forestière dans la province de l’Equateur.

« La promulgation de la RBUE en soi est une bonne initiative, mais la première année de son application a démontré que les gouvernements et les autorités compétentes doivent vraiment veiller à ce que la législation soit correctement et strictement appliquée.», précise Danielle Van Oijen, Chargée de campagne Forêt, Greenpeace Pays-Bas.

« La protection de la forêt du Bassin du Congo demande la corrélation des efforts de plusieurs acteurs. Le gouvernement de la RDC doit renforcer le moratoire, mettre en place une grille de légalité pour le bois et renforcer la gouvernance et les mesures anticorruption. Les gouvernements européens doivent faire de l’application du RBUE une priorité en renforçant les mécanismes de son opérationnalisation et en allouant les moyens et les ressources nécessaires à sa mise en œuvre. Les entreprises en Europe doivent se conformer à la loi et bannir le bois illégal de leur chaîne d’approvisionnement. » Conclut Raoul Monsembula.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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