Mali : un expert de l’ONU demande l’accélération des enquêtes sur les crimes graves commis dans le nord

GENEVE, Suisse, 28 février 2014/African Press Organization (APO)/ — L’expert indépendant, Suliman Baldo, a fait part vendredi de sa préoccupation face aux difficultés que rencontre la justice malienne dans la poursuite des crimes graves qui ont été commis dans le nord du pays.

« Malgré les efforts louables des autorités dans la lutte contre l’impunité pour les crimes imputés à l’ex-junte militaire dans le sud, la justice malienne éprouve d’énormes difficultés dans la poursuite des auteurs présumés des crimes graves commis par les groupes armés durant l’occupation du nord du pays et des exactions commises par certains éléments des FAMA pendant la libération de cette partie du territoire », a déclaré l’expert, au terme de sa deuxième visite au Mali du 17 au 26 février 2014.

« L’éloignement entre les juridictions en charge des dossiers du nord, qui sont basées à Bamako, et les victimes et les lieux où ont été commis les crimes représente un obstacle majeur pour la justice malienne », a affirmé l’expert indépendant.

« De nombreux crimes restent de ce fait impunis. Par ailleurs des membres ou collaborateurs présumés des groupes armés qui ont été arrêtés dans le nord du pays sont détenus pendant de longues périodes, au-delà du délai légal et sans jugement, à cause du manque de moyens pour l’organisation de missions d’enquête au nord », a noté Suliman Baldo.

L’expert indépendant a encouragé les autorités à formuler une stratégie visant à accélérer les enquêtes au nord du pays par la mise en place de cellules spéciales d’enquête et des centres mobiles d’écoute pour entendre les témoins et les victimes sur les lieux des crimes.

«Il revient au gouvernement de développer une vision afin de faire face à cette défaillance de la justice malienne et de mobiliser les partenaires techniques pour obtenir un appui logistique, sécuritaire et financier. Il est vital que les juges d’instruction et les officiers de police judiciaire puissent se déployer sur les lieux où les infractions ont été commises, mais dont l’accès reste difficile en raison de leur éloignement ou de la fragilité de la situation sécuritaire. »

L’expert a appelé la MINUSMA et la communauté internationale à accompagner le gouvernement dans le soutien aux magistrats et leurs équipes afin qu’ils puissent mener efficacement des enquêtes sur le terrain, en leur assurant les moyens matériels, logistiques et substantiels ainsi que la protection nécessaires pour se rendre dans les sites et localités où se sont produits de possibles infractions.

Un tel accompagnement a pour but de faciliter l’accès à la justice des victimes et d’assurer la protection des populations civiles ainsi que le droit des personnes détenues en relation avec le conflit à une justice équitable et indépendante.

« Lorsqu’un message est envoyé aux auteurs et victimes potentiels que les violations des droits de l’homme ne resteront pas impunies, et que les victimes et témoins seront protégés et traités avec respect, la confiance des citoyens à l’égard des institutions judiciaires et l’État a plus de chances d’être rétablie », a déclaré l’expert de l’ONU.

Au cours de sa visite de dix jours, M. Baldo a rencontré des représentants de haut rang, dont le Ministre de la justice, le Ministre de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, le Ministre du travail et des affaires sociales et humanitaires, et le Ministre de l’éducation nationale.

L’expert indépendant a aussi rencontré le Procureur général, l’état-major général des armées du Mali, la Présidente de la Commission nationale des droits de l’homme, des représentants de la société civile, des leaders religieux, le corps diplomatique et les agences du système des Nations Unies.

Il a également visité des centres de détention à Bamako et a effectué une visite à Gao, dans le nord du pays, et en Mauritanie pour rencontrer des associations de victimes au nord et des réfugiés maliens.

L’expert indépendant présentera un rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali le 26 mars 2014 au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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