République démocratique du Congo : au Nord-Kivu et au Katanga, les civils continuent à payer un lourd tribut

GENEVE, Suisse, 30 janvier 2014/African Press Organization (APO)/ — La situation sécuritaire s’est particulièrement dégradée dans le territoire de Beni (province du Nord-Kivu), et dans le centre de la province du Katanga, fragilisant davantage encore une situation humanitaire déjà précaire dans ces régions.

Malgré la fin des hostilités entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23) en novembre 2013, d’autres conflits perdurent dans certaines provinces du pays, notamment dans la Province Orientale, dans les deux Kivu, et au Katanga.

En décembre, par exemple, des civils ont été tués et d’autres blessés à Mwenda, et des affrontements ont eu lieu à Kamango, dans le territoire de Béni (nord de la province du Nord-Kivu). Des familles ont dû fuir, tandis que celles qui s’étaient déplacées plus tôt n’ont pas pu rentrer chez elles. Une offensive militaire a été lancée mi-janvier dans le territoire de Béni, où la présence de groupes armés perturbe toujours l’existence de la population.

Des affrontements se poursuivent depuis novembre dernier entre forces loyalistes et groupes armés au centre-nord de la province du Katanga, une zone reculée où la présence des organisations humanitaires demeure limitée. Les combats dans la région de Shamwana/Kishale entre des milices Maï-Maï / Bakata Katanga et les FARDC ont provoqué de nouvelles vagues de déplacements, notamment vers les localités de Shamwana et de Mpiana. Nombreux sont aussi les civils qui ont été obligés de se réfugier dans la brousse. «La reprise du conflit a contraint les gens à fuir dans la peur, en laissant souvent derrière eux le peu de choses qu’ils possédaient. La situation sécuritaire reste pour le moment très instable », explique Andrea Drury, cheffe de la sous-délégation du CICR au Katanga.

Nord-Kivu : améliorer les soins de santé

« L’insécurité qui prévaut dans les zones où se sont déroulés les combats a rendu l’accès aux blessés et l’acheminement de l’aide extrêmement difficiles », indique Guislain Defurne, chef du bureau du CICR à Béni. Mi-décembre, afin de soutenir les structures de santé proches des zones d’affrontement qui avaient dû faire face à un premier afflux de blessés, le CICR a fourni du matériel médical (antiseptiques, antibiotiques, anesthésiques, seringues, canules, pansements) à l’hôpital général de référence de Mutwanga et au centre de santé de Djapanda, à Nobili. Le centre de santé de Djapanda, soutenu par le CICR depuis juillet dernier, a reçu des médicaments lui permettant de prodiguer des soins de santé primaires. Des blessés de guerre civils ont été pris en charge par l’équipe chirurgicale du CICR à l’hôpital Ndosho de Goma. Le CICR a fourni du matériel médical et des médicaments à l’hôpital militaire Katindo de Goma, où les blessés de guerre militaires ont été transférés. Pour sa part, la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo, qui s’est chargée de recueillir les dépouilles mortelles et de les inhumer, a reçu du CICR du matériel à cet effet, dont des sacs mortuaires, des gants et du désinfectant.

Début 2014, le CICR a approvisionné en matériel médical (pansements, plâtre et attelles métalliques) le pavillon militaire situé dans l’hôpital général de Béni, permettant au personnel soignant de prendre en charge une centaine de blessés de guerre.

Dans les autres territoires du Nord-Kivu, depuis début décembre 2013, le CICR a également :

• distribué des rations alimentaires d’urgence pour un mois à environ 400 détenus de la prison du territoire de Butembo, et poursuivi son assistance en médicaments aux dispensaires de la prison centrale de Goma et des prisons des territoires de Béni et de Butembo ;

• amélioré l’accès à l’eau pour 58 000 habitants des territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale ville ;

• construit une maison d’écoute à Nyamilima (territoire de Rutshuru), où les victimes de violences, notamment sexuelles, sont accueillies ;

• poursuivi les travaux de réhabilitation, l’approvisionnement en médicaments et la formation du personnel dans six centres de santé et deux hôpitaux généraux de référence ;

• organisé des séances de sensibilisation aux règles de base du DIH pour plus de 230 officiers des FARDC, à Béni. Un accent particulier a été mis sur le respect de la population civile et de la mission médicale ;

• formé 15 officiers des FARDC aux premiers secours dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu).

Une population vulnérable, difficilement accessible au centre-nord du Katanga

La détérioration de la situation sécuritaire et l’arrivée de la saison des pluies compliquent l’action du CICR dans le centre-nord du Katanga. Ainsi, la distribution d’articles de première nécessité qui avait débuté en octobre dernier au profit de 33 000 personnes, n’a pas encore pu être achevée. Des communautés entières sont dispersées, et exposées aux intempéries et aux maladies. Cette situation préoccupe le CICR, qui se tient prêt à acheminer l’assistance prévue dès que la situation sécuritaire le lui permettra.

Au Katanga, depuis début décembre 2013, le CICR a également :

• poursuivi ses visites aux personnes détenues dans quatre prisons et son assistance en médicaments aux dispensaires de ces établissements ; il a aussi fourni du chlore et du matériel d’hygiène pour la mise en place de mesures de prévention contre le choléra ;

• visité 15 ex-enfants soldats qui avaient été enrôlés par des groupes armés, et que le CICR avait réunis avec leur famille en septembre 2013, afin de s’assurer qu’ils sont bien réintégrés au sein de leur famille et de leur communauté ;

• poursuivi ses contacts avec les forces loyalistes et les groupes armés pour leur rappeler leur obligation de respecter les civils, de même que l’aide humanitaire qui leur est destinée.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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