22ème Sommet de l’Union Africaine : L’urgence de garantir protection, sécurité et justice aux populations africaines

PARIS, France, 21 janvier 2014/African Press Organization (APO)/ — Alors que les populations de République centrafricaine et du Soudan du Sud sont en proie aux pires atrocités, que celles du Mali ou de la Libye font face à une menace sécuritaire persistante, ou que celles d’Égypte sont sous la coup de restrictions accrues de leurs libertés, la FIDH appelle l’Union africaine, dont le 22ème Sommet va s’ouvrir à Addis Abeba, à peser de tout son poids pour garantir protection, sécurité et justice aux populations africaines.

« L’Union africaine doit prendre la mesure des défis posés par la perpétration de violations graves et massives des droits humains sur le continent. Elle doit envisager une réponse forte et cohérente pour lutter efficacement contre l’accroissement des conflits qui dégénèrent en affrontements à caractère ethnique ou confessionnel, contre la prolifération du terrorisme, ou la déliquescence des États » a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH. « Une telle réponse doit nécessairement comprendre le déploiement de forces de maintien de la paix robustes, la documentation des violations, l’identification et la traduction en justice des responsables ainsi que des processus politiques démocratiques et des mesures concrètes de renforcement de l’État de droit » a-t-il ajouté.

S’agissant de la République centrafricaine, alors que les populations civiles continuent d’être victimes d’exactions graves dans l’ensemble du pays, sur fond d’instrumentalisation politique conduisant à des affrontements inter-confessionnels, la FIDH appelle au déploiement urgent d’une mission onusienne de maintien de la paix, seule à même de réunir les moyens humains, logistiques et matériels permettant de soutenir efficacement la mission de l’Union africaine déployée en Centrafrique et de garantir la sécurité de la population sur l’ensemble du territoire. Pour Mathias Morouba, Président de l’Observatoire centrafricain des droits de l’Homme (OCDH) qui mène actuellement un plaidoyer auprès de l’Union africaine aux côtés de la FIDH « le pire est à l’œuvre en RCA et nous redoutons que la situation ne continue de s’aggraver si la communauté internationale ne réagit pas en conséquence. Le chaos auquel nous faisons face requiert une opération de maintien de la paix qui soit en mesure de garantir notre protection et de remettre notre pays sur les rails de la stabilité politique et sécuritaire ».

Au Soudan du Sud, les violents affrontements entre les deux mouvances du pouvoir qui ont éclaté en décembre dernier, ont, en l’espace d’un mois, pris un caractère ethnique et causé la mort de plusieurs milliers de personnes et contraint près de 400,000 autres au déplacement forcé. La FIDH, qui avait déjà alerté la communauté internationale sur le danger que représentaient les violences inter-ethniques au Soudan du Sud et appelé au renforcement du cadre légal et institutionnel démocratique et de protection des droits humains dans ce pays, réitère aujourd’hui son appel. Dans une perspective de prévention de nouveaux affrontements meurtriers et de renforcement de l’État de droit au Soudan du Sud, la FIDH demande à l’UA de veiller au déploiement, dans les meilleurs délais, d’une Commission d’enquête indépendante mandatée pour faire la lumière sur les circonstances de ces violences, identifier les responsables afin qu’ils soient traduits devant les juridictions compétentes et dégager des solutions politiques démocratiques permettant de favoriser une paix durable dans ce pays.

En dépit du rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, la situation sécuritaire, en particulier dans le Nord du pays, continue d’être source d’inquiétudes. La poursuite d’attaques terroristes, d’actes de banditisme, sur fond de blocage des pourparlers de paix entre autorités maliennes et groupes armés, appellent un renforcement urgent de l’action de l’UA, qui doit veiller à ce que les parties se conforment à leurs engagements antérieurs pour garantir un retour durable de la paix et de la sécurité dans cette région.

En Libye, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée au cours des derniers mois avec des violences particulièrement marquées à Benghazi et à Tripoli. Le gouvernement ne parvient pas à reprendre le contrôle sur les milices armées et un véritable processus de justice transitionnelle, prévoyant des phases de médiation et de désarmement, tarde à se mettre en place. L’UA doit favoriser l’accélération de la mise en place d’un processus de concertation nationale sur les questions liées à la sécurité et à la gouvernance et veiller à ce que des mécanismes indépendants soient en capacité de documenter les violations des droits de l’Homme et d’établir les responsabilités.

L’UA a également un rôle à jouer pour s’assurer du respect des droits et libertés fondamentales, en particulier dans les États en proie à l’instabilité politique. En Égypte, la FIDH est préoccupée par le fait que la mise en œuvre de la plupart des droits et libertés garantis par la Constitution qui vient d’être approuvée par référendum, soient assujettis à l’adoption de lois de mise en œuvre, alors même que l’Égypte s’est récemment illustrée par l’adoption de lois restrictives. De même, de vives inquiétudes persistent quant au respect des libertés d’opinion, d’expression ou d’association, dans un contexte où plus d’une vingtaine de défenseurs des droits humains sont toujours arbitrairement détenus par les autorités. La FIDH appelle ainsi l’UA à veiller à ce que des mécanismes effectifs et indépendants, chargés de garantir la mise en œuvre des dispositions de la Constitution relatives au respect des droits et libertés fondamentales, soient mis en place ; à ce que les lois restrictives soient abrogées et à ce que l’Égypte procède à la libération immédiate des défenseurs des droits de l’Homme détenus.

Pour Amina Bouayach, Secrétaire générale de la FIDH, également présente à Addis Abeba, « Pour l’ensemble de ces situations de conflits et de crises, l’absence de véritable cadre légal et institutionnel de protection des droits humains, l’impunité rampante, l’exclusion de certaines communautés et la rupture du dialogue politique ont constitué les ingrédients du pire. L’Union africaine doit prendre ses responsabilités pour enrayer la violence et l’insécurité et lutter contre l’instabilité qui se sont installées dans plusieurs régions de notre continent ».

Alors que le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine doit tenir, le 29 janvier 2014, une réunion au niveau des Chefs d’États et de Gouvernements pour débattre des situations en RCA, au Soudan du Sud et en Égypte, la FIDH appelle le CPS à prendre des engagements fermes concernant ces trois pays et à considérer les recommandations formulées par notre organisation. La FIDH soumet par ailleurs aux Chefs d’État et de Gouvernement les recommandations suivantes.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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