Première victoire à l’horizon au Sénégal dans la lutte contre la mouche tsétsé / La perspective d’un secteur de l’élevage prospère grâce au projet FAO/AIEA

ROME, Italie, 10 janvier 2014/African Press Organization (APO)/ — Une campagne contre la mouche tsétsé, parasite qui transmet une maladie dévastatrice du bétail, a drastiquement réduit la population des mouches dans la région des Niayes, près de Dakar, capitale du Sénégal, ouvrant la voie à une éradication complète.

« Depuis le démarrage du projet, la maladie est déjà moins diffuse. Il a réduit non seulement la population de mouches mais aussi celle de tiques, qui est à l’origine de nombreuses autres maladies. Nous avons constaté d’une façon générale la meilleure santé des troupeaux », a déclaré Baba Sall, responsable du projet et chef de la santé animale au Ministère sénégalais de l’élevage.

Un programme pluriannuel du Gouvernement du Sénégal, avec le concours financier des Etats-Unis et l’appui technique du Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), est en train d’éradiquer progressivement la mouche tsétsé à l’aide de la ‘Technique de l’insecte stérile’ (TIS). Le programme bénéficie du soutien de la FAO par le biais de sa division mixte avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.

La région des Niayes jouit d’un micro-climat côtier adapté aux races exotiques de bétail qui donnent davantage de lait et de viande que les races indigènes. Le gouvernement a un plan ambitieux pour introduire des races bovines exotiques et créer un secteur carné et laitier moderne.

Malheureusement, la mouche tsé-tsé sévit dans la région en transmettant la trypanosomiase, une maladie souvent mortelle qui provoque une baisse de la fertilité et une perte de poids, et par conséquent, une production réduite de viande et de lait, tout en affaiblissant les animaux au point qu’ils ne peuvent plus servir ni aux labours, ni au transport.

D’après une étude du gouvernement, la mouche tsé-tsé coûterait aux agriculteurs des Niayes des pertes annuelles de 1,2 million d’euros (1,6 million de dollars).

La campagne d’éradication

La technique de l’insecte stérile est une méthode de lutte qui utilise les radiations pour stériliser les mouches mâles produites en grandes quantités dans des laboratoires spécialisés. Les mâles stériles sont ensuite lâchés par voie aérienne au-dessus des zones infestées où ils s’accouplent avec des femelles sauvages sans engendrer aucune descendance, ce qui permet, à l’issue d’opérations répétées, d’anéantir les populations.

Avant de pouvoir recourir à cette technique, il faut avoir réduit la population de mouches à de très bas niveaux à l’aide d’autres méthodes, telles que l’application de pesticides directement sur le bétail, l’utilisation de pièges à mouches et de filets insecticides autour des enclos à porcs.

Après trois ans d’études de faisabilité, de développement des capacités, de préparation et de tests, le lâcher de mouches stériles mâles a commencé en 2012 par voie terrestre, et en 2013 par voie aérienne.

Au bout de six mois, le taux d’élimination de la population des mouches était supérieur à 99 pour cent.

Un autre avantage est qu’après une phase initiale de suppression à base d’insecticides, la technique n’exige pas le recours aux pesticides et réduit la pollution environnementale.

« Nous comptons pouvoir annoncer l’éradication de la mouche tsétsé dans la première zone à la mi-2014. Nous n’avons capturé aucune mouche sauvage dans nos pièges depuis mars 2012, ce qui prouve qu’elles ont pratiquement disparu », a déclaré M. Sall.

« Ce après quoi nous nous attaquerons aux secteurs n° 2 et 3 où l’éradication devrait s’achever en 2015 ou début 2016. Deux autres zones viendront s’ajouter au programme pour poursuivre le travail d’éradication de la mouche tsétsé et de la trypanosomiase au Sénégal, » a-t-il précisé.

Des projets dans le monde entier

La Division mixte FAO/AIEA soutient quelque 35 projets de terrain appliquant la technique de l’insecte stérile dans le cadre du programme de coopération technique de l’AIEA, dans différentes parties d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique latine. Elle a déjà éradiqué avec succès la mouche tsétsé de l’île de Zanzibar, tandis que le Projet d’éradication de la mouche tsétsé au sud de l’Ethiopie (STEP) est parvenu à réduire les populations de 90 per cent.

Outre les différentes espèces de mouches tsétsé, le programme cible d’autres parasites tels que les mouches des fruits, les teignes, la lucilie bouchère et les moustiques.

Le chef du programme TIS, Jorge Hendrichs, explique que son équipe de lutte contre les insectes ravageurs aux Laboratoires FAO/AIEA d’agriculture et de biotechnologie de Seibersdorf (Autriche) offre des services complets de recherche appliquée, de formation, de validation et d’opérations sur le terrain et d’appui en laboratoire, avec des activités synergiques en « boucle de rétroaction ».

« Par exemple, pour l’opération au Sénégal, les mouches stériles sont produites en très grande quantité au Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide (CIRDES) du Burkina Faso avant d’être expédiées au Sénégal », précise-t-il. « Au départ, les mouches arrivaient en mauvais état. Nous avons dû améliorer le contrôle de qualité, l’expédition et la logistique, prévoir des colonies de mouches pour assurer la relève, etc. Une fois que nous y sommes parvenus, nous avons pu intégrer cette expérience dans notre programme global et, à notre tour, nous inspirer d’expériences menées ailleurs ».

Au total, quelque 37 pays africains sont concernés par la mouche tsétsé, et la trypanosomiase tue chaque année environ 3 millions de bovins. Le programme FAO/AIEA aide 14 nations africaines dans leurs efforts d’éradication de la mouche tsétsé.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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