Nelson Mandela: Déclaration de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay

GENEVE, Suisse, 6 décembre 2013/African Press Organization (APO)/ — « Nelson Mandela a peut-être été l’une des plus grandes personnalités morales de notre temps et des millions de personnes, dont beaucoup ne l’ayant jamais rencontré, vont être profondément attristées par la nouvelle qui vient de nous parvenir.

En dépit des 27 années qu’il a passées en prison, il n’a jamais suivi le chemin de la vengeance. Je me souviens très bien de sa sortie de prison. Les sentiments en Afrique du Sud étaient alors à vif ; des sentiments de haine, une soif de vengeance, un désir de discriminer à leur tour ceux qui nous avaient si impitoyablement discriminés auparavant. Je partageais certains de ces sentiments – il était difficile d’y échapper après avoir si longtemps vécu sous l’apartheid.

Mais Nelson Mandela a refusé d’emprunter cette voie, tout comme il avait précédemment refusé de conclure un accord pour obtenir sa libération en échange de son renoncement aux principes du mouvement de libération.

Il a renversé la situation par la seule force de ses mots. Il nous a dit de jeter nos lances et nos fusils dans la mer. Il nous a dit d’abandonner notre soif de vengeance et d’œuvrer pour une Afrique du Sud non seulement libérée du racisme mais aussi de toutes les sortes de discriminations. Il nous a montré qu’un avenir meilleur dépendait d’une réconciliation et non d’une vengeance.

Nelson Mandela était un homme qui n’a jamais transigé sur ses principes fondamentaux, tout en étant prêt à faire des compromis sur des sujets clefs lorsque cela importait le plus.

C’était un partisan passionné de la liberté et de la dignité, de la liberté d’expression et de la liberté d’assemblée. Il croyait dans les droits humains pour tous et il a suivi cette voie tout au long de sa présidence et de sa retraite. Il a beaucoup œuvré pour promouvoir les droits de la femme, pour que hommes et femmes soient traités sur un pied d’égalité et pour nommer des femmes à des postes de responsabilité.

Toute sa vie, il est resté fidèle aux paroles célèbres qu’il a prononcées en avril 1964, lors du procès de Rivonia qui a abouti à son emprisonnement: “J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dont tous les membres pourraient vivre ensemble, en harmonie et avec les mêmes chances. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère réaliser. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.”

Fort heureusement, il n’est pas mort alors. Si cela avait été le cas, je ne sais pas dans quelle situation l’Afrique du Sud serait aujourd’hui. Mandela fut à l’origine de la nouvelle constitution progressiste qui consacra les principes d’égalité et de non-discrimination pour toutes et tous. Et, grâce à son extraordinaire personnalité et à sa capacité exceptionnelle à s’exprimer avec les bons mots au bon moment, il a joué un rôle déterminant pour la création d’une atmosphère qui a rendu cette constitution possible.

Nelson Mandela a révélé comment, lors de son incarcération à Robben Island, il avait puisé des forces dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans sa dernière allocution devant l’Assemblée générale des Nations Unies, il a noté que la Déclaration universelle avait confirmé la justice de la lutte contre l’apartheid mais qu’elle nous avait aussi lancé un défi. “Une fois notre liberté conquise, il nous fallait concrétiser la vision de la Déclaration”, a-t-il déclaré.

Nelson Mandela n’a jamais dévié de cette vision. C’est un homme véritablement remarquable dont l’exemple ne devrait jamais être oublié.»

Auteur de l’article : Agence-Presse

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