La justice malienne engage des poursuites contre des militaires dans l’affaire des «bérets rouges disparus».

PARIS, France, 20 novembre 2013/African Press Organization (APO)/ — Début novembre 2013, le juge d’instruction en charge de l’affaire des « Bérets rouges disparus » a ouvert des poursuites judiciaires contre 20 militaires dont le général Amadou Haya Sanogo, pour leur responsabilité présumée dans l’arrestation et la disparition forcée d’une vingtaine de bérets rouges le 2 mai 2012. Ces événements s’étaient déroulés au lendemain d’une tentative avortée de destituer la junte militaire du CNDRE dirigée par Amadou Haya Sanogo et arrivée au pouvoir un mois plus tôt par un coup d’État.

« En posant ces actes forts, la justice malienne commence à lever le voile sur un épisode douloureux de l’histoire récente du Mali et permet aux familles de victimes d’espérer la vérité sur la disparation de leurs proches et d’entrevoir la justice. Nous l’exhortons à mener des enquêtes dans les deux camps afin de situer les responsabilités » a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH.

Parmi les 20 militaires visés, un capitaine de gendarmerie et deux militaires de rang ont été arrêtés les 23 et 30 octobre 2013 et inculpés de « complicité d’enlèvement » le 31 octobre. Les 17 autres militaires dont l’ex-chef de la junte le général Amadou Haya Sanogo, sont visés par des demandes de mise à disposition, mesure précédant la délivrance de mandats d’amener, délivrées dans le cadre de l’instruction judiciaire ouverte sur l’arrestation, les tortures, les mauvais traitements et la disparition forcée d’au moins 20 militaires dont la plupart appartenaient à l’unité d’élite de commandos parachutistes appelés bérets rouges et fidèles à l’ex-président ATT.

« Ces poursuites judiciaires et ces convocations, dans une affaire aussi sensible, constituent un signal fort de la justice pour lutter contre l’impunité au Mali. Les autorités doivent soutenir ce processus de justice et s’assurer que les pour aider le Mali à retrouver la paix et la stabilité » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.

Le 30 avril 2012, les bérets rouges fidèles au président Amadou Toumani Touré (ATT) renversé le 22 mars 2012 par un coup d’Etat militaire dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, tentaient de reprendre le pouvoir. Après 3 jours de combats, les pro-Sanogo avaient arrêtés, détenus et torturés de nombreux militaires pro-ATT. Selon les enquêtes menées par la FIDH, l’AMDH et d’autres organisations de défense des droits humains, le 2 mai 2012, une vingtaine de militaires majoritairement des bérets rouges détenus au camp militaire Soundiata Keïta de Kati, le quartier général des forces de Sanogo, ont été emmenés dans des camions militaires et sont depuis lors portés disparus. Selon certaines sources, les bérets rouges auraient été exécutés et enterrés à une dizaine de kilomètre de Kati. Par ailleurs, les bérets rouges, lors de la tentative de contre coup d’État, avaient notamment attaqué l’Office de la radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM) au cours de laquelle plusieurs militaires bérets verts avaient été tués. Dans les jours qui ont suivi cet événement, nos organisations avaient pu documenter de nombreuses violations des droits humains telles que des actes de tortures, des arrestations arbitraires, des mauvais traitements, ainsi que les disparitions forcées des bérets rouges.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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