ROME, Italie, 9 octobre 2013/African Press Organization (APO)/ — Quatre millions d’habitants des zones rurales de Madagascar sont en situation d’insécurité alimentaire suite à la récolte réduite de cette année. La production de riz – l’aliment de base de cette île de l’Océan indien – et de maïs a souffert de conditions météorologiques capricieuses et d’une invasion de criquets. L’insécurité alimentaire risque de toucher 9,6 millions d’autres personnes, selon les deux organisations des Nations Unies.
L’ampleur de la crise alimentaire est dévoilée dans un rapport de la Mission conjointe d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire détachée en juin/juillet par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM). Elle attribue la mauvaise campagne agricole à plusieurs facteurs: des conditions météorologiques irrégulières l’an dernier, des cyclones en début d’année qui ont causé des inondations, suivis d’une période de faible pluviosité.
La mission mentionne également les dégâts provoqués par une invasion acridienne qui a eu le double effet de provoquer des dégâts aux cultures et de dissuader les agriculteurs de semer. Le sud de l’île – déjà en situation d’insécurité alimentaire chronique – a été particulièrement touché. Si les dégâts causés aux cultures par les criquets dans les zones infestées ont été importants, l’impact a été plus limité à l’échelle nationale car les basses températures ont stoppé la migration des acridiens vers les régions plus productives du nord.
Selon la mission FAO/PAM, la production rizicole a fléchi de 21 pour cent cette année, ce qui entraînera un déficit national de riz de 240 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2013/14. Quant à la production de maïs de 2013, elle ne saura satisfaire les besoins intérieurs et on estime à 28 000 tonnes les besoins d’importation pour combler le déficit.
Des interventions rapides contre les acridiens sont cruciales pour éviter de nouveaux ravages aux cultures et l’aggravation de l’impact sur la production nationale en 2014, avertit le rapport des Nations Unies.
Un programme triennal de lutte antiacridienne, mis en œuvre par la FAO et le Gouvernement malgache, a démarré sur l’île fin septembre avec des opérations aériennes visant à identifier et localiser les populations acridiennes. L’achat de pesticides, de véhicules et de matériels pour les opérations de prospection et de lutte est en cours. Les traitements devraient débuter d’ici fin octobre sur plus de deux millions d’hectares de terres infestées.
Situation alimentaire
« La nourriture est la principale dépense d’environ un tiers des ménages qui y consacrent jusqu’à 75 pour cent de leur budget », indique le rapport FAO-PAM. « Ces chiffres sont voués à augmenter du fait de la hausse des prix, alors que les salaires n’ont pas été ajustés aux taux d’inflation ».
Les difficultés actuelles de Madagascar traduisent des années de déclin économique, l’aggravation de la pauvreté, les services publics limités et une série de catastrophes naturelles qui ont pesé sur les moyens d’existence et les stratégies d’adaptation des habitants.
Environ 28 pour cent des ménages ruraux souffrent d’insécurité alimentaire – de grave pour 2,7 pour cent à modérée pour près de 25 pour cent. Au total, quelque 4 millions de personnes sont touchées dans 20 régions. La sécurité alimentaire de 9,6 millions d’autres personnes pourrait se détériorer avec la hausse des prix durant la période de soudure (d’octobre à mars) avant la récolte. La prochaine saison cyclonique, qui dure de novembre à avril, suscite également des préoccupations.
« Les ménages souffrent essentiellement d’apports caloriques inadéquats et de repas insuffisants », souligne le rapport. « L’alimentation des ménages pauvres manque de protéines animales (viande, poisson et œufs) et ils consomment peu de protéines végétales telles que les légumineuses. Compte tenu des chocs récents, essentiellement de mauvaises récoltes et une hausse des prix alimentaires, les ménages se sont rabattus sur des aliments moins onéreux et ont réduit leurs rations en guise de mécanisme d’adaptation.
Le PAM et la FAO unissent leurs efforts pour venir en aide aux communautés vulnérables en:
• fournissant une aide alimentaire aux catégories les plus vulnérables, ciblée en particulier sur les besoins des enfants et des femmes enceintes ou allaitantes;
• construisant ou remettant en état des infrastructures collectives dans le sud de l’île: canaux d’irrigation, barrages et systèmes de captage d’eau, par le biais de programmes de vivres-contre-travail et d’argent-contre-travail. Ces initiatives fourniront aux ménages des biens de production et leur permettront de restaurer leurs moyens de subsistance. Elles contribueront en outre à garantir des apports de nourriture adéquats durant la période de soudure;
• offrant un appui adéquat aux agriculteurs pour leur permettre d’accroître la production de cultures de base comme le riz, le maïs et les tubercules;
• favorisant des variétés culturales à cycle court particulièrement adaptées aux conditions climatiques;
• renforçant ou en diversifiant les activités génératrices de revenus et en introduisant une gestion plus efficiente de l’eau.