République centrafricaine: des experts des droits de l’homme de l’ONU alertent sur la persistance de la violence et de l’insécurité

GENEVE, Suisse, 5 août 2013/African Press Organization (APO)/ — Un groupe d’experts indépendants des Nations Unies a sonné l’alarme aujourd’hui à propos de la situation des droits de l’homme dans la République centrafricaine : « l’état de droit est presque inexistant, et les abus de pouvoir et l’impunité sont devenus la norme ». Les experts ont exhorté les autorités actuelles à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à toutes les violations des droits de l’homme et garantir que les responsables ne resteront pas impunis.

« Nous sommes gravement préoccupés par les allégations d’assassinats, d’actes de torture, de détentions arbitraires, de violences contre les femmes, de disparitions forcées, de ‘justice populaire’ ainsi que par le climat généralisé d’insécurité et par l’absence d’état de droit qui prévalent dans le pays depuis ces cinq derniers mois », ont déclaré les experts des droits de l’homme.

Plusieurs mouvements rebelles organisés dans une coalition informelle, Séléka, ont repris les hostilités contre le gouvernement le 22 mars 2013. Deux jours plus tard ils sont entrés dans la capitale, Bangui, et ont pris le pouvoir. La République centrafricaine est à présent gouvernée par un Conseil National de Transition dirigé par Michel Djotodia et par un gouvernement transitoire de trente-quatre membres formé le 12 juin 2013.

« Il y a eu plusieurs assassinats, parfois en représailles après des incidents de ‘justice populaire’ contre des membres de la coalition Séléka. Environ 46 cas auraient été documentés,» a dit le Rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns

« Je lance un appel pour une enquête approfondie, transparente et indépendante de tous les cas suspectés d’exécutions arbitraires pour identifier les responsables et les traduire en justice», a insisté M. Heyns.

Le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants, Juan E. Méndez, a averti que « la torture semble généralisée », notant qu’au moins vingt-cinq personnes seraient mortes à la suite d’actes de torture et d’autres traitements inhumains ou dégradants.

« Le droit international des droits de l’homme interdit de façon absolue et non dérogeable la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », a dit M. Méndez. « J’exhorte les autorités à s’assurer que toute allégation de torture ou de traitement cruel, inhumain ou dégradant fera l’objet d’une enquête par les responsables de l’application des lois et que les auteurs de ces actes seront sanctionnés ».

« De nombreux cas de violence contre les femmes, en particulier des abus sexuels et des viols ont étés rapportés dans toutes les localités que les combattants de Séléka ont traversé» a affirmé Rashida Manjoo, la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences. Entre le 13 et le 16 avril, dans le quartier Boy-Rabe de Bangui, de nombreuses femmes et jeunes filles, quelques-unes âgées de 12 à 14 ans, auraient été violées durant des opérations qui avaient pour but de pacifier et de désarmer le quartier.

« L’Etat a la responsabilité d’exercer la diligence requise pour prévenir les actes de violence contre les femmes, diligenter des enquêtes et punir les auteurs de ces actes, qu’ils soient commis par l’Etat ou par des personnes privées » a déclaré Mme Manjoo. « Les femmes et les filles qui ont souffert doivent avoir accès à l’assistance médicale, psychologique et sociale entre autres ainsi qu’à des mécanismes de justice effectifs et à des recours justes et efficaces ».

Le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires a reçu des allégations de disparitions forcées. Le groupe d’experts a exprimé sa profonde préoccupation face aux allégations selon lesquelles nombre de civils ainsi que d’officiers et de soldats de l’armée officielle (FACA) auraient été enlevés par des groupes armés de Séléka. Le 14 avril 2013, un sergent-chef du bataillon amphibie et un soldat de première classe de la garde de l’ex-président auraient été arrêtés et emmenés vers une destination inconnue.

« Tout acte de disparition forcée est une offense à la dignité humaine et aucune circonstance quelle qu’elle soit ne peut être invoquée pour justifier ce crime abominable », a ajouté le Groupe de travail.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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