Zimbabwe : En route vers les élections générales du 31 juillet / 20 jours pour garantir un processus libre, équitable, transparent et pacifique

PARIS, France, 10 juillet 2013/African Press Organization (APO)/ — Dans la perspective de la tenue, le 31 juillet 2013, d’élections générales au Zimbabwe, et dans un contexte où les défis politiques, institutionnels, financiers et sécuritaires demeurent nombreux, la FIDH et son organisation membre, ZimRights, expriment leurs préoccupations à l’égard du climat politique qui prévaut dans ce pays et exhortent les autorités zimbabwéennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la tenue d’un processus électoral libre, équitable, transparent et pacifique.

Le 4 juillet 2013, la Cour constitutionnelle du Zimbabwe a confirmé que les élections générales se tiendraient le 31 Juillet 2013, alors même que plusieurs incertitudes demeurent quant au niveau de préparation du pays pour l’organisation de tels scrutins. Le peu de temps imparti à un processus approprié de sensibilisation et d’enregistrement des électeurs, l’absence de réformes significatives dans les secteurs des médias, de la justice et de la sécurité, l’inefficacité des mécanismes de contrôle récemment établis, font partie des défis à relever pour garantir la tenue d’un scrutin régulier. Ces pré-requis sont de la plus haute importance, ces élections étant les premières à être organisées depuis les violences politiques qui ont éclaté en marge des scrutins de Mars-Juin 2008.

« Les élections au Zimbabwe ont souvent été caractérisées par un niveau de préparation inadéquat, qui a systématiquement conduit à des fraudes, à la perpétration de graves violations des droits de l’homme, à des divisions politiques et à des crises institutionnelles. Dans la perspective du prochain scrutin, la capacité des électeurs à exercer leurs droits civils et politiques, sans craindre d’intimidations ou de violences, n’est pas une option. Nous exhortons les autorités zimbabwéennes à respecter ces droits sans condition » a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH.

« Les élections à venir se dérouleront dans un contexte où d’importantes réformes politiques et institutionnelles, prévues par l’Accord Politique Global de 2008, n’ont pas été misent en œuvre. En l’absence de telles réformes, les autorités zimbabwéennes, de même que les partis politiques et les candidats, se doivent d’envoyer des messages clairs et publiques quant à leur engagement à garantir des élections libres et équitables. Cela est essentiel à la crédibilité de l’ensemble du processus » a déclaré Sheila Mwanga Nabachwa, Vice présidente de la FIDH, Directrice adjointe des Programmes de Foundation for Human Rights Initiative (FHRI – Ouganda).

Le Zimbabwe a une longue histoire de violences électorales, qui a pris une tournure sans précédent en 2008 lorsque des centaines de civils ont été victimes de graves atteintes aux droits de l’Homme, notamment d’exécutions sommaires, de disparitions forcées, d’actes de torture, de viols, d’arrestations et détentions arbitraires, de déplacements forcés, de menaces et autres formes d’intimidations. Ces violations sont dans une large mesure restées impunies, le Zimbabwe ayant failli à son obligation de traduire les responsables en justice. Dans le contexte pré-électoral actuel, cet héritage de violence politique et d’impunité accroît les attentes relatives à la capacité effective des électeurs d’exercer leurs droits dans un environnement pacifique.

« Les politiques ont la responsabilité de veiller à ce que notre histoire de violences électorales et d’impunité ne se répète. Les forces de sécurité et de police, qui ont toujours souffert d’un important degré de politisation, doivent pleinement respecter les dispositions de notre nouvelle Constitution relatives à leur impartialité, professionnalisme, neutralité et obligation de respecter les droits fondamentaux. Tout comme les sympathisants des partis politiques, ils doivent être pleinement conscients que tout acte de violence pourrait mener à des poursuites pénales » a déclaré Okay Machisa, Directeur Exécutif de Zimrights.

Le respect des libertés d’expression et d’association, de réunion pacifique, du droit à l’accès à l’information, de la liberté et de la sécurité individuelle, de la liberté de mener campagne ou encore du droit à un accès égal aux médias publiques, constituent autant d’impératifs à la tenue d’un processus électoral régulier. Les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l’homme doivent pouvoir exercer leurs activités sans craindre d’être arrêtés et emprisonnés de façon arbitraire, ou d’être menacés et harcelés. La FIDH et Zimrights appellent les autorités Zimbabwéennes à prendre des mesures immédiates pour s’assurer que les lois répressives en vigueur – telles que l’Access to Information and formation of Privacy Act (AIPPA) et le Public Order and Security Act (POSA) – qui ont été largement utilisées pour faire taire les voix dissidentes, soient immédiatement abrogées. En outre, nos organisations appellent les médias publiques à respecter les dispositions de la nouvelle Constitution en faisant preuve de professionnalisme et d’impartialité et en s’abstenant de toute incitation à la violence ou à la haine.

Nos organisations appellent par ailleurs à l’indépendance totale, à l’impartialité et à l’efficacité des différents mécanismes institutionnels de surveillance des élections, notamment la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) et la Commission des Droits de l’Homme (ZHRC). Conformément aux dispositions de la nouvelle loi électorale (Electoral Amendment Act, 2012), les deux institutions détiennent un pouvoir d’investigation sur les actes de violence perpétrés au cours des processus électoraux. Les critiques survenues quant à leur impartialité et à leur manque de moyens financiers, ont toutefois jeté de sérieux doutes quant à leur capacité à se conformer à leur mandat. Il est de la plus haute importance que ces défis soient relevés sans plus tarder. Parallèlement, les institutions chargées d’entendre et de déterminer les contentieux électoraux, notamment la Cour Constitutionnelle, doivent elles aussi respecter les dispositions de la Constitution relatives à leur impartialité et à leur efficacité.

« Des élections à haut risque sont attendues au Zimbabwe. Les incertitudes quant à notre sécurité, à la régularité du processus ou la capacité des mécanismes de surveillance à se conformer à leur mandat, requièrent une forte implication de la communauté internationale. Il s’agit là d’éviter que notre pays ne sombre dans un chaos dont les conséquences seraient de facto ressenties dans toute la sous-région. Des messages doivent être adressés et des dispositions doivent être prises » a déclaré Arnold Tsunga, Secrétaire général adjoint de la FIDH, membre de Zimrights.

La FIDH et Zimrights appellent la communauté internationale, et en particulier la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) et l’Union Africaine (UA), en tant que principaux garants de l’Accord Politique Global (GPA), à exhorter publiquement les autorités Zimbabwéennes, les aspirants politiques et autres parties prenantes, à se conformer à leurs obligations nationales et internationales relatives à la tenue d’élection libres, justes et pacifiques. Le respect sans conditions des droits consacrés dans la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, la Déclaration de l’UA sur les Principes régissant les élections démocratiques en Afrique, les Principes et Lignes directrices de la SADC régissant les élections démocratiques ou le Pacte international relatif aux droits civils et politiques doit être garantit. La SADC et l’UA doivent par ailleurs rappeler publiquement que la lutte contre l’impunité constitue un moyen de prévenir de futures violences et une condition préalable à une paix, stabilité et bonne gouvernance durables au Zimbabwe. Les deux institutions, qui ont déjà déployé des observateurs électoraux dans le pays, doivent s’assurer que ces observateurs soient équipés et organisés de telle sorte qu’il puissent couvrir la situation sur l’ensemble du territoire et ainsi activer des mesures de prévention et de réaction en cas de violences.

La FIDH et Zimrights appellent par ailleurs les autorités zimbabwéennes à s’assurer que les observateurs indépendants puissent surveiller le processus, et cela, sans craindre d’être harcelés ou menacés.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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