Doter les agriculteurs nigériens des bons intrants

ROME, Italie, 27 juin 2013/African Press Organization (APO)/ — Une initiative multidonateurs d’une durée de cinq ans et dotée d’une enveloppe de 6 millions d’euros visant à intensifier l’agriculture a réalisé des hausses de rendements allant jusqu’à 100 pour cent dans plus de la moitié des villages du Niger, a déclaré la FAO aujourd’hui, à la veille d’une réunion de haut niveau sur les efforts renouvelés d’élimination de la faim en Afrique, au cours de laquelle le Niger présentera sa nouvelle stratégie de réduction de la faim.

Selon les dernières statistiques de la FAO sur la faim, au cours des 20 dernières années, le Niger a divisé par trois son taux de sous-alimentation, qui touche désormais un habitant sur huit, contre près d’un sur trois en 1990-1992.

La vulnérabilité néanmoins persiste. L’ONU a averti que 800 000 personnes pourraient avoir besoin d’une aide alimentaire cette année, suite aux crises répétées liées à la sécheresse, à la hausse des prix alimentaires et aux agitations politiques qui ont affligé le Sahel.

Depuis septembre 2008, le Ministère nigérien de l’agriculture et la FAO appuient l’intensification de l’agriculture en élargissant un réseau de boutiques d’intrants coopératives, grâce à des financements de 6 millions d’euros octroyés par la Belgique, l’Union européenne (UE), le Luxembourg et l’Espagne dans le cadre du Projet Intensification de l’agriculture par le renforcement des boutiques d’intrants coopératives (IARBIC).

Bonnes pratiques

« IARBIC fournit aux petits exploitants les moyens de production nécessaires pour accroître les rendements », explique Aboubaker Waiss, Représentant de la FAO au Niger.

Les bonnes pratiques élaborées par ce programme ont été intégrées à la nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté du Niger, les Nigériens nourrissent les Nigériens (Initiative 3N), prévoyant des boutiques d’intrants gérées par les organisations de producteurs et un accès amélioré aux services financiers et des prestations de conseil.

Cette stratégie sera présentée lors de la réunion de haut niveau des dirigeants africains et internationaux qui se tiendra à Addis Abeba du 30 juin au 1er juillet, visant à créer des partenariats renouvelés pour mettre un terme à la faim en Afrique.

Doublement des rendements

Entre 2008 et 2013, 264 magasins d’intrants ont été construits, dont 75 avec des fonds antérieurs alloués par l’UE. En y associant les boutiques construites les années précédentes et par des partenaires qui ont suivi le modèle IARBIC, le nombre total s’élève à 783.

Grâce à ce vaste réseau, des intrants agricoles de bonne qualité et au juste prix, commandés par les organisations paysannes, sont distribués à plus de la moitié des villages agricoles du Niger, où des hausses de rendements moyennes de 100 pour cent pour le sorgho et de 81 pour cent pour le mil ont été constatées.

Par ailleurs, le projet IARBIC a permis de doter les agriculteurs d’une vaste gamme de compétences, allant du cycle agricole complet à la gestion et à la comptabilité pour une organisation de producteurs ou une entreprise, telle qu’un magasin d’intrants.

Micro-dose

Tout a démarré en 1982, explique Mahaman Sani, ancien Directeur général du Ministère nigérien de l’agriculture. Les chercheurs ont commencé à étudier les bonnes doses d’engrais nécessaires pour accroître la productivité des cultures de base du Niger, comme le mil et le sorgho.

La hausse de la productivité était – et est toujours – considérée comme un moyen crucial d’améliorer la sécurité alimentaire au Niger, où les sols peu fertiles et la croissance démographique rapide exercent une forte pression sur la capacité des populations rurales de se nourrir.

En 1997, ajoute Mahaman Sani, lorsque les chercheurs ont établi la « micro-dose » parfaite d’engrais pour chacune des cultures à l’étude, une nouvelle question s’est posée: comment relayer l’information aux intéressés, c’est-à-dire aux petits exploitants du Niger?

La stratégie retenue a identifié les boutiques d’intrants coopératives comme le vecteur le mieux adapté pour doter la population rurale des bonnes quantités d’intrants de qualité, en y ajoutant une formation dispensée par le biais des Ecoles pratiques d’agriculture, ainsi que des services consultatifs.

Finances

En s’efforçant d’améliorer la productivité agricole, le projet IARBIC a également soutenu les mécanismes innovants de micro-finance afin de fournir aux petits exploitants ce qui leur fait cruellement défaut: l’argent.

Tout d’abord, le projet encourage un système de crédit stockage connu sous le nom de ‘warrantage’, qui permet aux agriculteurs de ne pas être contraints de vendre leur récolte immédiatement, lorsque les prix sont au plus bas, mais d’en stocker une partie et de l’utiliser en guise de nantissement pour obtenir un prêt bancaire.

Le crédit leur permet d’acheter des intrants pour la prochaine campagne de semis, ou de trouver des activités génératrices de revenus complémentaires. Les femmes sont les premières à bénéficier de ce système qui leur permet d’améliorer l’alimentation de la famille ou d’envoyer les enfants à l’école.

Dans un second temps, IARBIC a mis en place un fonds de garantie de 653 000 € pour les prêts demandés par les organisations de producteurs réunissant les conditions requises. Cela permet de réduire les risques de pertes en cas de défaut en encourageant les prêteurs à prêter.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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