Les Églises d’Afrique aspirent à la vie, la paix, la justice et la dignité pour le continent

GENEVE, Suisse, 14 juin 2013/African Press Organization (APO)/ — À l’occasion du 50e anniversaire de la Conférence des Églises de toute l’Afrique (CETA), les responsables d’Église de plus de quarante pays du continent ont réfléchi aux façons de se mobiliser contre les entraves laissées par l’héritage colonial et contre les conflits, la pauvreté, les luttes de classe et les soulèvements politiques, afin de débloquer l’immense potentiel de l’Afrique.

Plus d’un millier de représentants d’Église se sont penchés sur ces questions lors de la Dixième Assemblée de la CETA, organisée à Kampala (Ouganda) du 3 au 9 juin sur le thème «Dieu de la vie, conduis l’Afrique vers la paix, la justice et la dignité».

Le thème de l’Assemblée de la CETA faisait écho à celui de la prochaine Assemblée du Conseil œcuménique des Églises (COE), qui se tiendra du 30 octobre au 8 novembre à Busan (République de Corée). L’Assemblée du COE, dont le thème est «Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix», rassemblera des Églises du monde entier, y compris d’Afrique.

Évoquant la vision de la CETA, l’archevêque Valentine Mokiwa, président de la CETA, a affirmé que l’organisation avait été créée en 1963 pour incorporer «la spiritualité africaine dans la transformation sociale, politique et morale de ce continent en pleine émancipation face à l’impérialisme spirituel et mental et à la colonisation.»

Il a encouragé les Églises africaines à faire entendre leur voix contre la pauvreté, qu’il a dénoncée comme un péché: «Cette Assemblée doit marquer un tournant décisif pour l’Église en Afrique, qui doit commencer à se faire entendre et agir contre le péché de pauvreté.» Il a poursuivi: «Dès aujourd’hui, l’Église doit combattre la pauvreté en affirmant que la condition des pauvres est intolérable à notre époque. Nous devons déclarer que la pauvreté est le pire scandale et péché de notre temps.»

Le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a fait écho à ces propos en reconnaissant et en encourageant le rôle clé des Églises africaines en tant que «voix prophétiques» prenant ouvertement le parti de la justice et de la paix.

«Nous savons que l’Afrique est un continent riche en ressources. Malheureusement, beaucoup de ces ressources ont été exploitées sans que les fils et les filles de l’Afrique aient pu en profiter comme il se devait», a-t-il déclaré. «Le combat de la justice économique pour l’Afrique et en Afrique doit se poursuivre et bénéficier du soutien inconditionnel du mouvement œcuménique mondial.»

Il a poursuivi en affirmant: «Le monde et l’Église ont besoin de l’influence des voix chrétiennes du continent, comme le prouvent ces femmes et ces hommes africains qui nous inspirent en montrant la voie à suivre. Ni vous ni le monde qui vous entoure ne peuvent se permettre de voir l’Afrique uniquement comme un bénéficiaire de l’aide internationale. Les expériences de vie provenant de l’intérieur de l’Afrique sont une source considérable de sagesse et de conseils pour parvenir à la justice, la paix et la dignité», a conclu le pasteur Tveit.

Apporter le changement par l’intermédiaire des femmes et des jeunes

Le Kenyan Patrick Lumumba a mis l’accent sur les contributions essentielles des jeunes et des femmes à la réalisation des valeurs de paix, de justice et de dignité. Selon lui, le changement ne pourra survenir que quand les Églises d’Afrique joueront leur rôle légitime consistant à «réveiller et redynamiser» la jeunesse africaine.

«Il ne fait aucun doute que les jeunes peuvent contribuer à une paix durable en Afrique, pour autant qu’ils soient en paix avec eux-mêmes.» Selon lui, de nombreux jeunes Africains ont perdu leur estime de soi et cherchent à se réfugier ailleurs: «Bon nombre de jeunes cherchent le salut en quittant l’Afrique et beaucoup d’entre eux se retrouvent enrôlés comme enfants soldats dans des pays tels que la Sierra Leone, la République démocratique du Congo et d’autres.»

Malgré ces difficultés, a-t-il dit, les jeunes doivent être à la pointe du renouveau de l’Afrique, mais ils ne peuvent assumer ce rôle que s’ils ont en main «les armes de l’estime de soi, du courage et de la dignité».

Au sujet des femmes africaines, qui représentent plus de 50% de la population du continent, Patrick Lumumba a ajouté que «si l’Afrique veut connaître la paix, il faut traiter ses femmes avec dignité et leur donner une chance d’apporter leur pierre à l’édifice.»

Sekai M. Holland, co-ministre de l’Organisme de guérison nationale, de réconciliation et d’intégration au Zimbabwe, a elle aussi fait part de son point de vue sur le développement en s’appuyant sur le thème de l’Assemblée de la CETA. Pour elle, il ne fait pas de doute que l’Afrique est confrontée à d’énormes difficultés, et pourtant les Africains ont accompli des progrès extraordinaires.

«De véritables changements positifs sont en train de se produire, des réformes démocratiques ont été mises en place dans toute l’Afrique subsaharienne, des programmes d’allègement de la dette sont en cours de discussion, l’analphabétisme recule petit à petit. Sur le plan culturel et religieux, la voix des Églises d’Afrique se fait de mieux en mieux entendre sur la scène internationale», a affirmé Mme Holland.

Le président ougandais Yoweri Museveni a fait aussi une intervention à l’Assemblée de la CETA le 8 juin.

Parmi les autres intervenants figuraient l’archevêque Stanley Ntagali, la pasteure Suzanne Matale, M. John Mbiti, Mme Botshelo Moilwa, Mme Agnes Abuom, le pasteur Dietrich Werner, M. Anthony Kehinde Adebayo et le pasteur Konrad Raiser.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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