Situation au Sahel : Face aux défis sécuritaires, renforcer la coopération sous régionale

PARIS, France, 5 juin 2013/African Press Organization (APO)/ — Nos organisations sont vivement préoccupées par la situation prévalant dans la bande sahélienne, particulièrement au Mali où, à l’approche des élections prévues le 28 juillet, la situation des droits de l’homme au Nord demeure très préoccupante, et au Niger, où les récentes attaques terroristes laissent craindre leur extension à l’ensemble de la sous-région.

Dimanche 2 juin, les rebelles Touaregs du Mouvement nationale de libération de l’Azawad (MNLA) ont procédé à une vague d’arrestations au sein des populations civiles noires de Kidal, au prétexte de la recherche de militaires de l’armée malienne qui se seraient infiltrés dans la ville. Selon nos informations, ces arrestations auraient été accompagnées d’actes de harcèlement, de pillages des biens et autres formes d’intimidation à l’encontre des populations civiles.

Ces arrestations, conduites en dehors de tout cadre juridique, constituent de graves violations de droits de l’Homme et nos organisations sont préoccupées par les conséquences qu’elles pourraient avoir sur la situation sociale et sécuritaire, encore très précaire dans cette ville du nord du Mali, traversée par des tensions intercommunautaires fortes.

Selon un témoin sur place, des éléments du MNLA se livreraient à « du porte à porte pour interpeller les Songhaï, Bella et des individus d’autres ethnies noires ». Le 4 juin 2013 au moins 25 personnes ont ainsi été arrêtées puis expulsées de Kidal, transportées dans un camion en direction de Gao, principale ville au sud de Kidal.

Ces événements interviennent dans un contexte national tendu, notamment après l’exécution le 26 mai 2013 de deux Touaregs à Gossi (région de Gao) attribuée aux groupes d’auto-défense Ganda Koy et Ganda Izo, et au moment où l’armée malienne semble se positionner aux abords de Kidal, dans la localité d’Anefis, en vue d’une probable offensive visant à reprendre le contrôle de la ville. Nos organisations condamnent les violations des droits de l’Homme qui continuent d’être commises dans cette région du Mali, quels qu’en soient leurs auteurs, et appellent l’ensemble des acteurs à respecter strictement le droit international humanitaire et leur engagement dans la recherche d’une solution durable pour l’instauration de l’Etat de droit sur l’ensemble du territoire.

Dans le même temps, le Niger a été la cible d’attaques terroristes, notamment le jeudi 23 mai, quand un groupe armé a attaqué un camp militaire situé à Agadez puis le site d’extraction d’uranium d’Areva, à Arlit, causant la mort d’au moins 24 personnes et de nombreux blessés. Ces attaques ont été revendiquées par des groupes djihadistes déjà engagés au nord du Mali : le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et le groupe terroriste «Les signataires par le sang», groupe dissident d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), dirigé par Mokhtar Belmokhtar.

Plus récemment, samedi 1er juin, 22 personnes se sont évadées de la prison de Niamey, dont plusieurs personnes emprisonnées pour terrorisme. Deux gardiens de prison ont été tués au cours de ces violences. Ces évasions font craindre l’accentuation de la circulation d’éléments terroristes au sein des pays de la région et la poursuite d’actions violentes.

« La situation au Sahel est très préoccupante et doit faire l’objet de l’attention de tous », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.« Il ne faudrait pas, maintenant que le territoire malien est en grande partie sécurisé et contrôlé par l’administration malienne, laisser s’installer des éléments terroristes et risquer ainsi de compromettre durablement la stabilisation de cette région fragile. »

Face à une menace terroriste désormais étendue à l’ensemble de la région sahélienne, nos organisations expriment leur préoccupation et appellent au renforcement de la coopération sous régionale, seule à même de fournir des réponses efficaces à ce problème grandissant. La nécessaire lutte contre le terrorisme doit être menée dans le strict respect des droits de l’Homme, en garantissant les libertés individuelles et en application des engagements internationaux des Etats concernés. Alors que de nombreux individus suspectés d’appartenir à des groupes terroristes ont été arrêtés au cours des derniers mois, cette lutte passe notamment par l’exercice d’une justice impartiale et équitable, en vue d’endiguer l’impunité qui a jusque là prévalu.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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