LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET L’ÉTAT NUTRITIONNEL SE DÉTÉRIORENT EN ÉGYPTE, PAYS CONFRONTÉ À DES DÉFIS ÉCONOMIQUES MAJEURS

LE CAIRE, Egypte, 21 mai 2013/African Press Organization (APO)/ — La pauvreté et l’insécurité alimentaire se sont aggravées en Égypte ces trois dernières années, selon un rapport conjoint du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), de l’Agence centrale du gouvernement égyptien de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS) et de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI).

Un rapport du PAM et de CAPMAS montre qu’environ 13,7 millions d’Égyptiens (soit 17% de la population) sont en insécurité alimentaire contre 14% en 2009. La sécurité alimentaire est assurée lorsque toute la population a accès de façon continue à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait les besoins alimentaires de base. Les données récoltées montrent qu’entre 2009 et 2011, environ 15% de la population sont tombées dans la pauvreté, deux fois plus que le nombre de personnes qui en sont sorties. De même, le taux de malnutrition, en particulier les retards de croissance chez les enfants de 6 à 59 mois, est aussi en augmentation.

«Cette augmentation de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la pauvreté n’est pas arrivée du jour au lendemain, ni même en un an ou deux», explique GianPietro Bordignon, Représentant du PAM en Égypte et Directeur-pays. «L’impossibilité pour les populations d’avoir une alimentation suffisante et nutritive est liée à l’augmentation de la pauvreté et à une succession de crises depuis 2005, notamment l’épidémie de grippe aviaire en 2006, les crises alimentaires, énergétiques et financières entre 2007 et 2009 et un environnement macroéconomique difficile ces dernières années.»

Des poches de pauvreté et d’insécurité alimentaire sont apparues dans les zones urbaines, où la pauvreté a augmenté de près de 40% (de 11% à 15,3%) entre 2009 et 2011. Alors que la Haute Égypte rurale continue à enregistrer les plus hauts taux de pauvreté touchant 51,5% de la population (le double de la moyenne nationale), le Grand Caire, quant à lui, abrite le plus grand nombre de personnes pauvres et en insécurité alimentaire (environ 3,5 millions de personnes).

Un ménage moyen consacre 40,6% de ses dépenses à son alimentation, voire la moitié pour les plus pauvres, ce qui les rend encore plus vulnérables aux fluctuations des prix alimentaires. Ils achètent des produits plus chers et souvent moins nutritifs. Les conclusions de “L’État de la pauvreté et de la sécurité alimentaire en Égypte : analyse et recommandations” sont basées sur l’analyse de l’enquête effectuée en 2011 par CAPMAS sur les revenus, dépenses et consommation des ménages.

L’enquête montre également que le taux des retards de croissance chez les enfants de moins de 5 ans a atteint 31% en 2011, au-delà des seuils les plus élevés déterminés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et contre 23% en 2005. Ces retards de croissance sont le signe d’une malnutrition chronique aux effets irréversibles et qui empêche l’enfant d’atteindre son plein potentiel de développement mental et physique. De plus, dans neuf gouvernorats à travers le pays, un peu plus de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent d’anémie, une maladie considérée “un problème sérieux de santé publique” par l’OMS.

Le PAM et l’IFPRI ont également publié un document stratégique intitulé «Combattre l’insécurité alimentaire croissante en Égypte dans une période de transition» qui étudie les subventions des produits alimentaires. Par exemple, les pertes enregistrées dans la chaîne d’approvisionnement en pain Baladi, pain traditionnel subventionné, sont estimées à 30%. Le système de carte de rations souffre également d’un ciblage faible et limité : il couvre 68% de la population mais exclut 19% des ménages les plus vulnérables.

Le document conclut qu’alors que les subventions ont joué un rôle important pour minimiser l’impact de la hausse des prix alimentaires sur les familles pauvres, elles ne sont pas adaptées pour résoudre tous les défis liés à la pauvreté. Des actions mieux ciblées visant la nutrition et la sécurité alimentaire ainsi que des initiatives destinées à favoriser la création d’emplois dans les zones pauvres, sont nécessaires. Une réforme du système de subvention pourrait permettre de réaliser des économies et d’investir dans ce genre d’intervention.

«L’Égypte gagnerait que trois tableaux si elle reformait le système actuel de subventions : faire des économies budgétaires, atteindre les plus vulnérables, et améliorer la situation nutritionnelle», estime Clemens Breisinger, chercheur associé à l’IFPRI. «Le système actuel ne cible pas ceux qui en ont le plus besoin.»

Le PAM intervient en Égypte depuis 1963 et a apporté une assistance de plus de 681 millions de dollars aux populations les plus vulnérables. En 2013, plus de 650 000 Égyptiens bénéficieront des programmes du PAM dans le pays. L’intervention du PAM en Égypte cible les populations les plus vulnérables en particulier dans la Haute Égypte, tout en renforçant les capacités des femmes, en encourageant la scolarisation et en combattant le travail des enfants.

Auteur de l’article : Agence-Presse

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.