Discours de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, prononcé à la conférence des donateurs pour le Mali à Bruxelles le 15 mai 2013.

BRUXELLES, Royaume de Belgique, 15 mai 2013/African Press Organization (APO)/ — Seul le prononcé fait foi

Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Je vous souhaite à mon tour la bienvenue à cette conférence, voulue par l’Union européenne, le Mali et la France afin d’apporter le soutien de la communauté internationale au Mali.

La France, avec notamment l’aide des pays voisins et des Européens, a accepté de mettre en jeu la vie de ses soldats et consacré des moyens importants pour aider le Mali à préserver son intégrité. La guerre est en passe d’être gagnée, il faut maintenant réussir la paix.

Le constat qui est à l’origine de cette réunion est simple : il n’y aura pas de sécurité et de stabilité durable sans développement et sans démocratie. Il faut agir de front sur les trois côtés du triangle : sécurité, démocratie, développement. C’est la stratégie de la France depuis le début – nous avons d’ailleurs nous-mêmes repris dès février notre aide au développement. C’est également la conviction de l’Union européenne, dont je salue la mobilisation importante et rapide.

Le titre de la conférence proposé par la France « Ensemble pour le renouveau du Mali » traduit bien cette ambition.

Cette conférence porte sur le Mali, c’est-à-dire ni sur le seul Nord ni sur le Sahel, même si chacun a bien compris qu’à travers la stabilisation et le développement du Mali se jouait l’avenir de la sous-région et au-delà.

Il s’agit de « renouveau » car cette conférence n’est pas une conférence post-conflit. Il ne s’agit pas d’effacer les dommages d’une guerre ; l’objectif n’est pas de reconstruire pour revenir à une situation antérieure. Il s’agit d’aider les Maliens à construire un nouveau Mali. Il s’agit de permettre aux Maliens – à l’ensemble du Mali, nord et sud réunis – de bâtir leur prospérité de demain. C’est pour cela que nous leur avons demandé de préparer un « Plan pour la relance durable du Mali », qui permette de porter un regard rétrospectif lucide sur les racines de la crise et de dégager des axes d’action prioritaires pour en sortir. Cette analyse a été faite et je salue sa qualité. Elle demandait le courage d’observer la réalité des lacunes des décennies passées. La version amendée du Plan, intégrant les réactions des partenaires, sera présentée ce matin.

Nous agissons « Ensemble » : la communauté internationale, les ONG, le gouvernement malien et la société civile s’engagent conjointement. Il faut insister sur le caractère inclusif de cette conférence. De manière tout à fait remarquable, cinq événements préparatoires ont été l’occasion de donner la parole aux acteurs non-gouvernementaux pour recueillir leur vision du développement du Mali : les collectivités locales (à Lyon le 19 mars dernier), les femmes (à Bruxelles le 9 avril), la diaspora malienne (à Montreuil le 10 avril), le secteur privé (à Bamako le 20 avril) et la société civile (à Bamako le 27 avril). Ces réunions ont permis un dialogue fécond avec tous les acteurs concernés, et deux rapporteurs de chacune de ces manifestations viendront aujourd’hui présenter les conclusions de leurs travaux.

Nous allons apporter une aide importante au Mali, probablement près de 2 milliards d’euros. Cette aide appelle un engagement réciproque pour que l’aide versée soit utilement utilisée. L’idée centrale de cette conférence est la suivante : les événements de 2012 ne sont pas un accident de parcours. Ils sont largement la conséquence d’une stratégie de développement qui n’a pas, ces dernières années, donné les résultats escomptés. Les causes sont internes – fragilité des institutions notamment – et externes – suivi insuffisant de l’aide internationale.

Nous avons donc beaucoup insisté sur la nécessaire traçabilité de l’aide et le suivi des projets. Ce suivi ne sera pas uniquement local : il impliquera les institutions internationales, les pays donateurs, les ONG.

L’aide est également conditionné à un engagement fort de la part du Mali en matière de transparence, de gouvernance et de démocratie. Les autorités maliennes doivent mettre en œuvre des réformes importantes en matière de décentralisation, de justice, de lutte anti-corruption, de finances publiques. Le déblocage des fonds dépend de l’évolution du processus politique, qui doit permettre la réconciliation nationale, des institutions inclusives et la mise en place d’autorités démocratiques légitimes. C’est pourquoi les élections prévues en juillet doivent avoir lieu aux dates prévues. On ne peut pas déconnecter le développement des enjeux démocratiques. L’aide versée ne servira le Mali qu’en accompagnement de la réconciliation nationale, seul à même de garantir un vivre ensemble durable.

La France prendra évidemment toute sa part à la mobilisation internationale. Depuis février, nous avons repris notre coopération bilatérale : mise en œuvre d’un plan d’urgence, notamment dans les zones libérées, soutien de l’Etat malien afin de permettre le redémarrage des services publics essentiels (aide budgétaire, conversion de dette), reprise progressive des projets structurels en matière de gouvernance, d’éducation, de santé, de développement rural, d’infrastructures et de soutien au secteur privé.

Dans la cadre de cette conférence, et en réponse au « Plan pour la relance durable » du Mali, nous nous engagerons pour la période 2013-2014 comme nous l’annoncerons aujourd’hui. En plus de cette aide bilatérale, la France apportera une forte contribution via son aide multilatérale. Nos contributions au Fonds européen de développement, à la Banque mondiale et au Fonds mondial de lutte contre le sida feront l’objet d’un suivi particulier.

Après avoir pris nos responsabilités depuis janvier en matière militaire, la France continuera donc d’accompagner le Mali en restant parmi les premiers bailleurs. Cela ne se fera pas – j’y insiste – au détriment des pays voisins, car la stabilisation durable de la situation au Mali passe par une réponse globale à l’échelle de l’ensemble des pays de la région du Sahel.

Ce moment historique de mobilisation doit être pour le Mali un moment d’espoir et de renouveau. Nous adressons à l’ensemble des Maliens un message de confiance : ils peuvent compter sur nous comme nous comptons sur eux pour mettre en œuvre les engagements réciproques pris aujourd’hui. Je remercie l’ensemble des participants pour leur investissement rapide et déterminé. Merci.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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