Donner un label à l’Afrique et briser les mythes à propos de son potentiel

LE CAP, Afrique du Sud, 13 mai 2013/African Press Organization (APO)/ — L’Afrique ne peut continuer d’être commercialisée en tant que pays, alors que c’est un continent de 54 pays qui, en 2040, aura le plus gros effectif de travailleurs dans le monde. Cette déclaration a été faite cette semaine par le Secrétaire exécutifde la Commission économique pour l’Afrique, M. Carlos Lopes,à l’occasion du Forum économique mondial sur l’Afrique lors d’une séance judicieusement intitulée: « Á bas les mythes, investissons en Afrique ».

M. Lopes a souligné que d’ici à 2040, l’Afrique sera plus urbanisée, davantage connectée et plus éduquée. «L’image de l’Afrique seratrès différente de celle que nous avons maintenant », a-t-il dit.

Les débats ont fait ressortir que les perceptions à propos des risques et des incertitudes concernant les investissements en Afrique ont été fabriquées pour sembler vrais. « Bien que certaines questions peuvent être réelles, il ya de nombreuses avancées qui font voler en éclats les impressions de corruption, de manque de croissance et d’insuffisances de capacités, entre autres ».

Les participants à la session ont souligné quela classe moyenne africaineest en pleine expansion. Avec l’augmentation des revenus, la nouvelle image montre un continent où les deux tiers de sa croissance proviennent de la consommation et, de ce fait,le pouvoir d’achat à Lagos est beaucoup plus élevé qu’à Mumbai.

«L’Afrique compte deux fois plus d’habitants que l’Inde, davantage de téléphones cellulaires que l’Inde, moins de gens pauvres que l’Inde, et la liste n’est pas exhaustive! Les grandes tendances sont en faveur de l’Afrique », a souligné M. Lopes.

Mais pour que le continent puisse récolter les dividendes de sa démographie, illui faut aborder la question des infrastructures, nécessaires pour l’industrialisation et pour donner aux zones rurales du continent un accès au marché mondial. À cet égard, il faut beaucoup d’argent pour mettre œuvre le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et comme les marchés n’investissent pas dans ce genre de projets,il fallait trouver d’autres sources de financement, ont ajouté les participants.

« La bonne nouvelle est qu’il y a de l’argenten Afrique, mais les mentalités doivent changer pour pouvoir puiser dans le demi-milliard de dollars qui constitue les réserves dormantes des banques centrales africaines », ont souligné les participants. Le projet PIDA, ont-ils noté, pourrait être scindé en «projets à court terme»,visant tous un objectif à long terme.

Les participants ont également parlé de la perception selon laquelle l’Afrique manque de personnel qualifié etsouligné que l’Afrique était à la pointe des innovations. Toutefois, la notoriété et la commercialisation de ces innovations ne dépassent pas ses frontières.

« Nombre d’économies africaines sont aux mains du secteur informel dans lequel les banques ne sont pas ‘invitées’ et, de ce fait, les entreprises de ces secteurs informels ne s’épanouissent pas», a déclaré un participant, en soulignant qu’il faut faire éclater le mythe car ces entreprisesdu secteur informel ne peuvent pas devenir de grandes entreprises sans un financement approprié. Les participants ont toutefois reconnu que le manque de profondeur des marchés financiers est réel et limite les possibilités de créations d’innovations ».

Á propos de la question de la «corruption des dirigeants africains», les participants ont reconnu que la faiblesse réside dans la capacité d’enquêter et d’obtenir des condamnations, ainsi que dans le manque de cohérence et de leadership.

Les participants ont souligné que l’absence de vision stratégique conduit à la prédominance de la corruption alors que des pays comme la Malaisie ou l’Indonésie sont capables de se concentrer davantage sur leurs perspectives stratégiques et moins sur la corruption.

La cohérence nécessaire dans les cadres réglementaires et les politiques a été soulignée, «car elle réduit l’intervention du gouvernement dans des domaines où le secteur privé est supposé jouer un rôle ».

En outre, les participants ontestimé que l’harmonisation entre les administrations est également importante pour que les investisseurs agissent de façon équitable. « Les investisseurs ne sont pas friands de réglementation», a déclaré un participant, en soulignant que la période de montée en flèche des cours des produits de base a conduit à une augmentation des bénéfices pour les sociétés minières d’au moins 200 pour cent, mais que les recettes fiscales pour les pays concernés n’ont augmenté que de 30 pour cent ».

En outre, la perception selon laquelle54 pays constituent un pays où il n’y a pas d’histoires positives à raconter,pourrait être attribuée aux défaillances des médias et au manque d’attention que les gouvernements africainsaccordent à la commercialisation.

La persistance de lacunes dans l’information, due à l’absence d’évaluations dans les pays, s’est avérée une nouvelle question d’importance. En outre, les participants se sont posé la question de savoir si les entrepreneurs qui évoluent dans le milieu des affaires en Afrique pourraient contribuer à la fabrication deces mythes. Agir ainsi, ont-ils dit, crée des obstacles à la venue de concurrents potentiels et ceux qui sont en placese jouent des banques, forts de leurs rendements mirobolants.

«Il est important d’être ici en Afrique pour comprendre le contexte ; il faut savoir où investir et pourquoi investir », a dit un investisseur.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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