République centrafricaine / La sécurité tarde à revenir dans un pays éprouvé / Bossangoa, ville morte

PARIS, France, 17 avril 2013/African Press Organization (APO)/ — Ce week-end, la République centrafricaine a été de nouveau le théâtre d’affrontements violents.

Dans la capitale Bangui mais également dans la région de Bossangoa, la population vit dans l’attente d’une stabilisation de la situation. En dépit de conditions de sécurité très précaires, ACF a mené une première évaluation dans cette zone. Premiers constats : près de la moitié des habitants de Bossangoa ont fui, les infrastructures de santé sont dans un état alarmant et les réserves en nourriture diminuent fortement.

La République centrafricaine (RCA) a beau avoir un gouvernement de transition, on est bien loin d’un retour à la normale dans le pays. Bossangoa, située à 600km au nord de Bangui, est aujourd’hui encore une ville morte : la moitié de la population (quelque 20 000 personnes sur 40 000) s’est réfugiée en brousse fin mars lors du passage des rebelles du Séléka en direction de Bangui ; aujourd’hui encore, la plupart des déplacés n’osent pas regagner Bossangoa, dans l’angoisse de représailles. Beaucoup vivent dans des conditions extrêmement précaires, soit dans des campements de fortune, soit dans des familles d’accueil qui doivent alors assumer la charge d’un nombre accru d’individus. Action contre la Faim, dont les locaux sur place ont été entièrement pillés, a mené une première évaluation auprès de la population afin d’identifier les besoins et reprendre au plus vite ses programmes.

Plus d’hôpital ni d’écoles…

A Bossangoa, l’ensemble des institutions de la ville ont été pillées et fermées. Le système sanitaire est dans un état catastrophique. L’hôpital public n’est plus fonctionnel. Aujourd’hui seules deux cliniques privées sont ouvertes et peuvent prendre en charge les malades, mais leurs stocks de médicaments vont cependant rapidement s’épuiser. Parallèlement, on constate une baisse du nombre de patients, les populations n’ayant plus suffisamment d’argent pour payer les consultations ; la revente de médicaments volés est en augmentation. Beaucoup de maladies hydriques, de blessures, de maux de ventre sont rapportés. On note aussi des situations d’hyper stress auprès d’une population traumatisée.

L’unité nutritionnelle thérapeutique (UNT) en charge du traitement des enfants sous-nutris appuyée par ACF a été également été pillée et manque de tout: de médicaments, de moustiquaires, de couvertures, tout comme d’un générateur pour le château d’eau. Au moment de la prise de la ville, 35 enfants étaient pris en charge à l’UNT. Ils sont aujourd’hui en brousse, comme la majorité des enfants de Bossangoa. L’absence d’accès aux soins pour les enfants est particulièrement inquiétante : habituellement, durant la période de soudure (période où les greniers sont vides, qui commence habituellement en mai, d’ici quelques semaines) on compte entre 80 à 100 enfants à l’UNT.

Des réserves alimentaires en diminution

La période actuelle est cruciale sur le plan agricole: c’est celle où les habitants préparent leurs champs pour les semis. Or, beaucoup de familles ont épuisé leurs stocks et ont commencé à consommer ou vendre leurs semences, risquant d’en manquer pour les semailles. Les marchés de la région, eux, sont diversement affectés : à Bossangoa, seul le marché Boro du quartier musulman fonctionne aujourd’hui. La disponibilité et la diversité des produits sont correctes mais les prix ont augmenté, limitant leur accès à une population démunie. Au marché hebdomadaire de Touiguidé, les prix n’ont pas augmenté mais la disponibilité et diversité des produits sont très limitées : on ne trouve quasiment que du manioc sur le marché.

Quelles perspectives ?

Alors que les populations n’ont plus de stocks et consomment leurs semences, on peut dès à présent prévoir que la prochaine période de soudure sera très difficile et la prochaine récolte faible. Si la situation humanitaire ne peut pas encore être qualifiée d’alarmante aujourd’hui, il y a un risque réel que les besoins alimentaires ne soient pas couverts pour la fin de l’année 2013 et que le nombre de cas de malnutrition augmentent, alors que les infrastructures de santé, sont, elles, presque totalement inopérantes.

Dans ce contexte, Action contre la Faim rappelle qu’il est essentiel que toutes les parties protègent l’accès des habitants aux soins et s’efforcent de permettre aux infrastructures de santé et organisations humanitaires de fonctionner. Enfin, alors que les populations sont aujourd’hui traumatisées, l’organisation appelle à la protection de tous les civils.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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