Remarques introductives de l’Ambassadeur Ramtane Lamamra, Commissaire à la Paix et à la Sécurité

ADDIS ABEBA, Ethiopie, 22 mars 2013/African Press Organization (APO)/ — Remarques introductives de l’Ambassadeur Ramtane Lamamra, Commissaire à la Paix et à la Sécurité, à la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité sur la situation en Guinée-Bissau – 22 mars 2013

Monsieur le Président du Conseil de paix et de sécurité,

Mesdames, Messieurs les membres du Conseil de paix et de sécurité,

Mesdames, Messieurs,

La situation en République de Guinée-Bissau a été examinée par votre Conseil au cours des réunions antérieures. Le rapport de la Mission conjointe d’évaluation UA/CEDEAO/CPLP/UE/NU effectuée en Guinée-Bissau du 16 au 21 décembre 2012, qui est soumis à votre examen, est le résultat de consultations approfondies avec les organisations internationales qui y ont pris part. Il donne un aperçu historique de la situation depuis le coup d’Etat du 12 avril 2012 et des développements subséquents, de même qu’il développe les thématiques qui ont constitué l’essentiel de l’interaction de la Mission conjointe avec les acteurs bissau-guinéens et les partenaires internationaux résidant à Bissau.

Les échanges entre la Mission et les différents interlocuteurs, en plus des considérations générales, se sont appesantis sur les questions spécifiques que sont : le processus de transition ; le processus électoral ; la réforme prioritaire du secteur de la défense et de la sécurité mais aussi celles de la Justice et de l’Administration ; la problématique de l’impunité et des droits de l’homme ; le fléau du trafic de drogue et des autres trafics illégaux ; la pêche illégale et la situation socioéconomique.

D’une manière générale, les acteurs bissau-guinéens, toutes tendances confondues, ont exprimé un grand intérêt à l’endroit de la Mission, ce qui a été ressenti autant comme un appel à l’assistance de la communauté internationale qu’un besoin d’encadrement et d’accompagnement. D’où l’invitation lancée à l’endroit des partenaires de la Guinée-Bissau pour qu’ils coordonnent leurs efforts et parlent d’une seule voix.

La Mission a noté avec satisfaction que, depuis la relance du fonctionnement du Parlement, une nouvelle dynamique est en cours. Elle s’est traduite par la mise en place d’une Commission parlementaire chargée de rédiger ce que les Bissau-guinéens appellent un « Pacte de régime », qui est en fait une nouvelle version du Pacte de Transition et de l’Accord politique conclus, à Bissau, au lendemain du coup d’Etat, entre les militaires et certains partis politiques. Il s’agit, à travers ce nouveau document, de prendre en compte les sensibilités des partis politiques qui n’avaient pas été signataires de ces instruments au départ et de leur permettre d’intégrer le processus de Transition afin de le rendre aussi inclusif que possible. Dans le même registre, il convient de relever les consultations menées par le Président de Transition en vue de l’élaboration d’une Feuille de route de la Transition qui sera validée par l’Assemblée nationale populaire.

Par ailleurs, la Mission a noté le rôle central joué par les militaires dans la conduite des affaires publiques et l’existence d’une collusion entre certains hommes politiques et les militaires. Il est alors évident que la conversion de l’armée bissau-guinéenne pour en faire une force républicaine passe nécessairement par la mise en œuvre de la réforme de la défense et de la sécurité. Deux facteurs permettent d’avoir des motifs d’espérer. Le premier, c’est la volonté et la disponibilité réaffirmées par les militaires de mettre en œuvre cette réforme, à condition qu’elle soit entreprise de façon objective et que ceux qui seront démobilisés partent dans la dignité. Le second, c’est le démarrage imminent de cette réforme, conformément au Mémorandum d’entente signé entre la Guinée-Bissau et la CEDEAO le 7 novembre 2012.

S’agissant du pouvoir judiciaire, de l’impunité et du trafic de drogue tant décriés, tous les interlocuteurs sont d’avis que toutes ces problématiques ne peuvent être prises en compte efficacement sans l’assistance de la communauté internationale. Il en est de même de la pêche illégale qui se pratique au détriment des intérêts vitaux de la Guinée-Bissau.

A la lumière de ce constat, la Mission a fait une série de recommandations qui définissent les rôles dévolus aux parties bissau-guinéennes et à la communauté internationale pour assurer la réussite du processus de retour à l’ordre constitutionnel et la mise en œuvre des réformes globales envisagées.

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais souligner pour m’en féliciter que dans le prolongement de la Mission conjointe, les principaux partis politiques qui s’étaient tenus en dehors du processus de Transition l’ont finalement intégré. Par ailleurs, la Commission parlementaire chargée de rédiger un « Pacte de régime » a élaboré un avant-projet qui reste à affiner. Quant au Président de Transition, il continue ses consultations en vue de l’élaboration de la Feuille de route attendue par l’Assemblée nationale populaire.

C’est dans ce contexte, qu’à l’initiative de l’UA, une réunion consultative sur la situation en Guinée-Bissau s’est tenue à Addis-Abeba, le 26 janvier 2013. Elle a regroupé les organisations internationales qui ont participé à la Mission conjointe d’évaluation susmentionnée. A cette occasion, les participants ont procédé à un échange de vues sur l’évolution de la situation dans ce pays et sur les conclusions de ladite Mission conjointe. À cet égard, ils sont convenus que le rapport de la Mission conjointe devait être soumis aux organes compétents respectifs des cinq organisations en vue de promouvoir des convergences dans leur appréciation des progrès réalisés et des perspectives de contributions coordonnées. Les participants ont, en outre, retenu le principe d’une seconde Mission conjointe à la suite de l’adoption de la Feuille de route.

Dans le même temps, la 42ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tenue les 27 et 28 Février 2013 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, a, entre autres, réitéré son appui à la Transition, décidé de prolonger la période de la Transition en Guinée-Bissau jusqu’au 31 décembre 2013, en tenant compte du processus en cours au sein de l’Assemblée nationale populaire, et invité la Commission de l’UA à soumettre, dans les meilleurs délais, un rapport consolidé de la Mission conjointe d’évaluation entreprise en décembre 2012, exprimant le vœu que ce rapport constituera un autre moyen de renforcement des efforts visant à créer le consensus au sein des partenaires internationaux sur la situation en Guinée-Bissau. Ayant été présent au Sommet de la CEDEAO et ayant eu le privilège d’interagir avec certains des Chefs d’État participants, y compris le Président en exercice, je sens le poids des attentes mais aussi celui du soutien politique dont nous bénéficions dans cette œuvre de paix.

Mesdames, Messieurs,

Comme vous avez pu le constater, les recommandations contenues dans le rapport de la Mission conjointe constituent une base du consensus nécessaire à l’action collective que les organisations internationales concernées pourraient mener, chacune selon les modalités qu’elle juge appropriées. Je soumets ainsi ce rapport à votre examen, convaincu que vous ne manquerez pas de lui accorder votre plein appui, donnant ainsi une chance réelle à la dynamique de rapprochement des acteurs bissau-guinéens ainsi qu’à la dynamique de mobilisation de la Communauté internationale en faveur de l’ouverture d’une ère qualitativement nouvelle et meilleure dans l’Histoire du peuple de Guinée-Bissau.

Je vous remercie.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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