Mali / Déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay

PARIS, France, 20 février 2013/African Press Organization (APO)/ — Quai d’Orsay – Déclaration du porte-parole

Q – Le ministre des Affaires étrangères malien a confirmé qu’il y a avait eu des exactions commises par les forces maliens contre des personnes soupçonnées d’être des terroristes. Qu’est-ce que le gouvernement français fait pour prévenir d’éventuelles nouvelles exactions et stopper ses auteurs ?

R – Je n’ai pas vu les déclarations de M. Coulibaly. J’imagine que vous faites référence à l’interview qu’il a donnée ce matin, mais il y a eu d’autres alertes, en provenance notamment d’ONG présentes sur place et également en provenance de journalistes. Bien évidemment, nous prenons très au sérieux ces informations. Je dois dire et confirmer ici que, pour l’instant, nous n’avons pas de preuves au sens juridique du terme de telles exactions.

Je veux souligner ici que la position française est très claire sur ce sujet. Il ne doit y avoir aucune forme d’impunité. C’est un message que nous passons aux autorités maliennes à tous les niveaux : la responsabilité première est la leur, à la fois d’éviter ce type d’exactions, d’intervenir pour les faire cesser si elles se produisaient ou bien d’arrêter, de traduire en justice et de condamner ceux qui les commettraient. Il y va du soutien de la communauté internationale, dont bénéficie aujourd’hui le Mali de manière unanime. Il y va aussi de la réconciliation nationale, processus nécessaire et urgent pour sortir le Mali durablement de la crise.

Nos propres troupes, très sensibilisées à ces risque-là, ont pour instruction, si elles sont confrontées à ce type d’exactions, d’intervenir pour les faire cesser ou de rassembler les éléments de preuve pour les transmettre aux autorités maliennes.

Il faut aussi rappeler ce que nous avons fait au moins sur trois autres plans :

– C’est aux Nations unies tout d’abord le fait que les résolutions du Conseil de sécurité comprennent des dispositions permettant de parer à ce genre de situation ou d’y remédier, avec d’une part le déploiement sur le terrain d’observateurs et d’autre part la demande faite par la France au Secrétariat général des Nations unies d’augmenter le contingent des observateur prévu par la résolution 2085.

– C’est aussi le soutien de la France à la Cour pénale internationale avec un mandat qui court à partir de janvier 2012 et qui couvre donc à la fois la période avant l’opération Serval et la période après son déclenchement.

– C’est enfin le volet européen et le déploiement, au sein de la mission EUTM, de formateurs, de spécialistes des droits de l’homme, du droit de la guerre, du droit des conflits armés.

C’est tout cela qui montre bien le degré d’attention et de vigilance des autorités françaises contre ce type de comportement, qui est inacceptable et qui doit être sanctionné comme tel.

Q – La France a repris la coopération civile avec le pays. Pouvez-vous nous préciser dans quels champs exactement cette coopération va-t-elle s’appliquer et que fait le gouvernement français pour éviter que l’argent soit éventuellement détourné en tout cas pour obtenir des garanties sur l’utilisation de l’argent qui sera utilisé dans le cadre de cette coopération ?

R – Pour remettre les choses en perspective, vous savez que cette coopération civile avait été suspendue non seulement par la France mais aussi par l’Union européenne et que sa reprise était conditionnée à l’adoption d’une feuille de route, c’est-à-dire au lancement d’un processus politique, électoral et de réconciliation nationale. Cette condition est aujourd’hui remplie puisque la feuille de route a été adoptée par l’Assemblée nationale malienne, le 29 janvier dernier. Nous avons donc pris la décision de débloquer les aides. Cette décision a été annoncée, pour ce qui concerne l’Union européenne, en marge d’une conférence qui s’est tenue la semaine dernière à Dublin des ministres du développement, à laquelle participait M. Pascal Canfin. Cela représente 250 millions d’euros.

M. Pascal Canfin était hier et est encore aujourd’hui au Mali. C’est au retour de son déplacement que nous verrons plus précisément ce que nous pouvons faire, c’est-à-dire les besoins exprimés par les Maliens eux-mêmes et les projets que nous pouvons mettre en œuvre pour y répondre, soit à titre bilatéral, soit à titre européen.

Il y a certainement beaucoup de choses que nous pouvons faire parce que les besoins sont manifestement très importants, non seulement au Mali mais plus largement dans toute la zone du Sahel. Il y a des besoins en termes de satisfaction des besoins de base des populations, pour l’accès à l’eau, l’assainissement, etc. mais aussi en termes d’infrastructures. On estime par exemple à deux millions le nombre de personnes se trouvant en situation d’insécurité alimentaire au Mali et 18 millions au Sahel.

Au printemps, nous aurons deux rendez-vous sur ces sujets : une conférence en coprésidence avec l’Union européenne et une autre conférence autour de ce que peuvent faire les collectivités locales françaises au titre de la coopération décentralisée.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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