Mali / Déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay

PARIS, France, 18 février 2013/African Press Organization (APO)/ — Quai d’Orsay – Déclaration du porte-parole

Q – Il y a de plus en plus de témoignages, de rumeurs sur des exactions commises par l’armée malienne ou même par des populations civiles. Je voulais savoir si vous aviez des confirmations. Ne risque-t-on pas d’être accusé de complicité ?

R – Nous n’avons pas confirmation des indications données par différentes ONG et par voie de presse. Ce n’est pas en soi étonnant : il y a le temps de la dénonciation, et c’est le rôle des ONG, et le temps de l’enquête, par définition plus long. Je rappelle que nous sommes en contact très étroit avec les ONG. Nous les avons réunies ici à Paris et notre ambassade les voit aussi régulièrement à Bamako.

Nous ne pourrons pas être accusés d’avoir sous-estimé cette question, encore moins de complicité. Nous sommes bien conscients du risque, ne serait-ce que par contrecoup des exactions commises par les groupes terroristes pendant des mois et des mois. Ce n’est pas une manière de dire qu’on le comprendrait, qu’on le justifierait, qu’a fortiori, on le couvrirait. Bien évidemment non.

Comme nous sommes bien conscients des risques, et cela depuis longtemps, nous avons été très tôt très vigilants, et à tous les niveaux :

– aux Nations unies d’abord. Lorsque vous relisez la résolution 2085 du Conseil de sécurité adoptée en décembre, elle comprend des dispositions pour essayer d’y remédier ou d’y parer. C’est à ma connaissance une première dans l’histoire des résolutions du Conseil de sécurité. Non seulement ces dispositions ont été introduites à la demande de la France, mais nous avons demandé que le déploiement d’observateurs des Nations unies soit accéléré et amplifié ;

– nous soutenons par ailleurs la saisine de la Cour pénale internationale, dont le mandat court à partir de janvier 2012, pour les crimes les plus graves et qui ont la qualification de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité ;

– nous sommes également intervenus au sein de l’Union européenne pour que la mission EUTM comprenne un volet de formation des forces armées maliennes sur les droits de l’homme, le droit de la guerre, le droit des conflits armés, la protection des populations civiles, etc. Dans le détachement de précurseurs qui a été envoyé sur place, sous les ordres du général Lecointre, il y a déjà des formateurs sur ces sujets ;

– nous avons enfin appelé à la vigilance, et cela de manière répétée et très claire, les autorités maliennes elles-mêmes. Nos forces ont instruction de porter à la connaissance des autorités maliennes, donc c’est la première responsabilité, tout élément de preuve qu’elles obtiendraient dans ce domaine.

Il n’y aura pas d’impunité.Il y va du soutien international aux autorités maliennes et du processus difficile mais nécessaire de réconciliation nationale.

Q – Le Mali a lancé une série de mandats d’arrêt contre des chefs d’Ansar Dine et des narcotrafiquants. La France est-elle prête à coopérer avec la justice malienne ?

R – N’oublions pas tout d’abord que nous avons affaire à des groupes terroristes qui ont commis des exactions répétées pendant des mois sur les deux tiers du territoire malien. A ce titre, ces personnes sont passibles de sanctions à un titre ou à un autre, selon la qualification juridique qui sera retenue.

Q – Le problème pourrait se poser pour le MNLA. La France considérerait que les membres du MNLA sont des terroristes et pourrait accéder aux demandes de la justice malienne ?

R – Le problème n’est pas de qui ils se revendiquent mais les crimes qu’ils auraient commis. Ces mandats ne peuvent viser que des personnes, pas des organisations en tant que telles.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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