Rapport d’Oxfam : la situation des refugiés maliens pourrait se détériorer avec l’intensification des combats.

PARIS, France, 22 janvier 2013/African Press Organization (APO)/ — Selon un rapport publié aujourd’hui par Oxfam, l’effort humanitaire en faveur de plus de 147 000 réfugiés maliens pourrait être perturbé du fait de l’intensification des combats, sans un changement significatif dans la façon dont les opérations d’aide sont organisées.

Alors que le conflit s’intensifie – offensive des groupes armés contrôlant le nord, intervention récente des forces armées françaises et maliennes, déploiement en cours de la mission internationale de soutien au Mali (Misma) autorisée par les Nations unies – Oxfam souligne les conditions particulièrement difficiles dans lesquelles vivent des dizaines de milliers de Maliens et Maliennes, et met en garde contre une possible détérioration de leur situation.

Dans un contexte marqué par les difficultés rencontrées par les organisations humanitaires pour satisfaire les besoins élémentaires des populations, Oxfam est préoccupée par les conditions de vie des réfugiés maliens qui ont fui leurs foyers depuis l’année dernière et vivent dans les pays voisins.

Depuis un an, environ 147 000 civils ont fui le nord du Mali et trouvé refuge dans les pays limitrophes tels que le Burkina Faso, le Niger ou encore la Mauritanie. Dans son rapport intitulé « Les refugiés du conflit malien : répondre à l’aggravation de la crise », Oxfam souligne que les réfugiés doivent faire face à un certain nombre de menaces telles que l’enrôlement forcé par les groupes armés actifs dans le nord du Mali. Le rapport souligne que, avant-même la récente escalade des combats, l’insécurité était grandissante dans les pays hôtes, faisant courir des risques importants aux réfugiés et aux populations hôtes.

On compte plusieurs milliers de nouveaux déplacés dans le sud du Mali depuis l’intensification des combats, qui s’ajoutent aux de 220 000 personnes déplacées depuis l’année dernière. Le manque d’information en provenance du nord signifie que ces chiffres pourraient être encore plus élevés. Il est en effet probable que beaucoup plus de personnes aient dû fuir leur foyer mais restent dans la zone tenue par les groupes armés.

Oxfam souligne que le taux de malnutrition infantile dans certains camps de réfugiés dépasse largement le seuil d’urgence de 15% fixée par l’Organisation mondiale de la santé. Au Niger par exemple, la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans atteint 21%.

Les communautés hôtes dans ces pays étaient déjà elles-mêmes confrontées à des pénuries de vivres ainsi qu’aux conséquences de la sécheresse et de la crise alimentaire de l’année dernière.

« Après avoir fourni pendant presque un an de l’assistance à des dizaines de milliers de personnes répartis dans quatre pays, les ONG peinent à répondre à leurs besoins. Il est capital de garantir que les populations qui laissent tout derrière elles pourront continuer à bénéficier de cette aide », souligne Nicolas Vercken, d’Oxfam France. « Nous appelons les pays voisins du Mali à ne pas fermer leurs frontières afin de permettre le passage des réfugiés. L’ONU doit faire preuve du leadership nécessaire pour gérer les conséquences du conflit sur les réfugiés maliens et leurs hôtes. »

Oxfam souligne également les difficultés éprouvées ces derniers mois pour répondre à cette crise. Bien que les communautés hôtes, les pays voisins et les organisations humanitaires aient fourni une assistance vitale aux réfugiés, la montée en puissance de la réponse humanitaire a été particulièrement difficile et lente en raison de difficultés logistiques, de capacités limitées des organisations humanitaires sur place en matière d’aide aux refugiés, et de la faible présence du Haut commissariat aux réfugiés dans la région, au moins dans les premiers temps de la réponse. Près d’un an après le début du conflit dans le nord du Mali, le rapport d’Oxfam affirme que les besoins essentiels ne sont toujours pas couverts, en particulier dans les domaines de la nutrition, de la protection et de l’éducation.

« Mettre en œuvre une réponse adéquate pour les refugiés dans la région sahélienne est particulièrement difficile, et il est évident que cela sera encore plus ardu s’il y a un nouveau flux significatif de refugiés en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso. Dans le même temps, au Mali ceux qui n’ont pas réussi à fuir ont besoin d’une aide essentielle pour leur survie. Il faut que les parties impliquées dans le conflit garantissent notre accès aux régions où ces personnes vivent », explique Caroline Baudot, d’Oxfam, l’auteur du rapport.

En prévision de l’augmentation probable du flux de réfugiés et de l’augmentation des besoins inhérents, Oxfam affirme que les organisations humanitaires doivent rapidement adapter leurs programmes afin de soutenir les communautés hôtes et les réfugiés issus de communautés pastorales, lesquels sont arrivés avec des dizaines de milliers de têtes de bétail, augmentant considérablement la pression sur les ressources locales déjà limitées et les tensions entre réfugiés et communautés locales. En certains endroits, le nombre de réfugiés est plus important que celui des membres de la communauté d’accueil, comme par exemple en Mauritanie, à Bassikounou, une ville qui compte 42 000 habitants, tandis que le camp de réfugiés voisin accueille 54 000 personnes.

« Les gens aspirent à pouvoir rentrer chez eux. Mais les réfugiés sont également lucides : après avoir été déplacés pendant des décennies, ils ne rentreront pas chez eux sans paix durable. En fin de compte, ce qu’ils nous disent c’est que les causes profondes du conflit doivent être résolues avant qu’ils puissent envisager un retour », conclut Nicolas Vercken, d’Oxfam France.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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