Ouverture de la session de la promotion 2012 de l’Académie militaire des Forces Armées de la République démocratique du Congo à Kananga

KINSHASA, République démocratique du Congo (RDC), 28 septembre 2012/African Press Organization (APO)/ — Discours de S.E.M. Jean-Michel Dumond Chef de la Délégation de l’Union européenne en République démocratique du Congo

M. le Vice Premier Ministre, Ministre de la défense et des Anciens Combattants

M. le Chef d’Etat-major général des FARDC,

M. le Gouverneur du Kasaï Occidental (faisant fonction)

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de missions diplomatiques,

Mesdames et Messieurs,

C’est un réel plaisir pour moi de participer à l’ouverture de la session de la vingt-septième promotion d’élèves-officier des Forces armées de la RDC ici dans cette prestigieuse académie militaire de Kananga. Cette cérémonie, comme l’inauguration de l’école d’administration plus tôt ce matin, marque une étape importante dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité. Elle témoigne des efforts poursuivis par les autorités de la RDC dans la modernisation et professionnalisation des FARDC.

De fait, la réforme du secteur de sécurité revêt aujourd’hui une importance et une urgence particulières. La recrudescence des violences et de l’instabilité à l’Est, à la suite de la rébellion du M23 et des agissements de nombreux autres groupes armés, démontre bien, s’il en était besoin, à quel point cette réforme demeure une condition essentielle de la sortie de crise en République démocratique du Congo.

La réforme de l’armée ne pourra aboutir que si les autorités congolaises y adhèrent de manière ferme et durable, à tous les niveaux. Rien ne peut se faire, surtout dans la réforme de l’armée, sans une volonté politique claire et sans une réelle appropriation des efforts de réforme. L’Union européenne appuie sans aucune ambiguïté la vision d’une armée congolaise républicaine, loyale, disciplinée, efficiente et à même de défendre à tout moment le territoire national. Pour réaliser ces objectifs, la réforme des FARDC doit être, en premier lieu, une réforme institutionnelle. La réforme ne peut pas se limiter à la formation et à l’équipement de telle ou telle brigade. Cela est sans nul doute utile et nécessaire. Mais pour réussir une réforme en profondeur, il importe de s’attaquer aux faiblesses structurelles;

– gérer de façon efficace et à tous les niveaux de la hiérarchie les ressources humaines et matérielles de l’armée ainsi que ses infrastructures;

– appliquer rigoureusement la chaîne de paiement et la séparer clairement de la chaîne de commandement, afin de pérenniser les acquis;

– réserver une place de première importance à la formation et au perfectionnement permanent. Pour cette raison, la modernisation de l’administration et la formation des cadres sont au cœur de l’appui de l’Union européenne depuis l’établissement de la mission EUSEC.

Ensuite, il y a un travail législatif à faire. Trois textes de loi sont primordiaux pour réussir la réforme des FARDC :

Premièrement, la loi organique portant organisation et fonctionnement des FARDC qui a été promulguée le 11 août 2011. Une commission ad hoc travaille sur les ordonnances d’application. Ces ordonnances doivent être rapidement adoptées pour que la loi puisse être appliquée effectivement et immédiatement.

Deuxièmement, la loi sur le statut des militaires attend sa promulgation par le Président de la République. Elle est un élément essentiel de la réforme dans la mesure où elle établit un cadre et des critères pour le recrutement au sein des FARDC. Ainsi, elle pourra garantir un assainissement des effectifs, une revalorisation des salaires et une garantie de droits sociaux pour le personnel mis à la retraite. La loi sur le statut des militaires doit servir à favoriser le recrutement au sein des FARDC par la formation et assainir les rangs des FARDC par le recensement. Cette double dynamique, recrutement/assainissement des effectifs, est un élément clé du renforcement des FARDC et de l’amélioration de son image au sein de la population.

Troisièmement, l’adoption et la promulgation de la loi de programmation militaire doivent être encouragées afin d’encadrer la gestion des biens et du matériel. Sur la base de cette loi, l’armée sera à même de mieux maîtriser la gestion des ressources matérielles. La mise en œuvre de la réforme nécessitera des moyens financiers importants. C’est pourquoi il importe de les prévoir suffisamment à l’avance dans le cadre d’un programme budgétaire pluriannuel. L’UE salue à cet égard l’ambition du Premier Ministre qui a prévu d’augmenter de 4 à 16 milliards de dollars les recettes budgétaires au cours de la présente législature grâce à la réforme fiscale, notamment la mise en œuvre de la TVA, et à une meilleure mobilisation des ressources que pourrait générer le secteur minier.

L’adoption de ces trois lois est au cœur de la réforme. Elles permettront notamment de définir un budget crédible et transparent, ce qui est la base même d’une bonne gouvernance.

Enfin, un autre pilier important du processus de réforme est sans conteste la formation du leadership militaire. En effet, la volonté politique et les progrès législatifs dont j’ai parlés seraient vains sans des officiers bien formés et expérimentés qui agissent comme relais entre les autorités et les hommes de rang. Ils sont pour beaucoup la face visible de l’autorité et se doivent ainsi d’être irréprochables dans leur comportement.

La relance de la formation des officiers à Kananga mais aussi des sous-officiers à l’école de Kitona suspendue depuis près de 20 ans sont des signes clairs des efforts de réforme poursuivis par les autorités congolaises et de l’engagement de l’UE, à travers la mission EUSEC, sa délégation et ses Etats-membres. J’en profite ici pour saluer le travail remarquable de la mission EUSEC qui, sous la direction du général Martins que je salue, a accompli beaucoup. Cette année, la mission a également financé sur ce site la construction d’un nouveau dépôt de munition. L’UE est déterminée à poursuivre son appui et à accompagner les efforts des autorités congolaises dans cette voie. Par exemple, nous envisageons la réhabilitation prochainement de près de 300 logements pour les familles et dépendants de militaires dans le camp Bobozo que nous visiterons peut-être plus tard dans la journée. Enfin, cet appui fait parti d’un ensemble d’actions au niveau de la Province même comme notamment à travers le Projet d’assistance à la réforme de la justice (PARJ) dont une partie significative des activités sera mise en œuvre au Kasaï Occidental.

En conclusion, je souhaite, pour ce nouveau cycle académique, un bon travail aux cadres administratifs et pédagogiques ainsi, bien sûr, qu’aux futurs apprenants.

Merci de votre attention.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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