Côte d’Ivoire : Le respect des libertés fondamentales, l’indépendance et l’impartialité de la justice doivent être garanties

PARIS, France, 5 septembre 2012/African Press Organization (APO)/ — La FIDH et ses organisations membres en Côte d’Ivoire, la LIDHO et le MIDH, expriment leur vive préoccupation face aux dernières violences et à la série d’arrestations survenue dans le pays. Nos organisations appellent les autorités ivoiriennes à garantir la sécurité des populations, à mener une enquête impartiale afin de faire la lumière sur tous ces événements et établir les responsabilités, ainsi qu’à garantir l’indépendance et l’impartialité de la justice ivoirienne.

La Côte d’Ivoire connaît un regain de tensions, tant à Abidjan que dans l’ouest du pays. A la fin juillet, nos organisations avaient dénoncé des meurtres perpétrés dans la ville de Duékoué et le camp de déplacés de Nahibly, faisant au moins 11 morts. Les 5 et 6 août, 11 militaires des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont été tués à Akouédo et dans le quartier de Yopougon à Abidjan, lors d’attaques menées par des hommes armés non identifiés, contre un poste de contrôle de l’armée et un commissariat. De nombreuses arrestations conduites par les FRCI, et non par la police ou la gendarmerie, ont suivies l’ouverture de l’enquête sur ces faits. A ce jour, 54 civils et 19 militaires seraient toujours en détention, inculpés pour trouble à l’ordre public, attentat contre la sûreté de l’État ou assassinat.

« La radicalisation des positions entre les camps de l’ancien et de l’actuel président, et la présence accrue des FRCI dans les rues créent un véritable climat de psychose et de panique au sein des populations civiles, rappelant les heures sombres de la crise post-électorale », a déclaré René Hokou Legré, président de la LIDHO. « Les autorités ivoiriennes se doivent de rassurer les civils et de garantir leur sécurité par les forces régulières en temps de paix que sont la police et la gendarmerie », a ajouté Yacouba Doumbia, président du MIDH.

Le 18 août, le siège du Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, était attaqué en pleine journée par des hommes armés. Deux personnes avaient été blessées et le véhicule d’un membre du bureau du FPI incendié. Le même jour dans la nuit, le siège du groupe Cyclone éditant le journal Le Temps, proche de l’ex-président, avait été saccagé par des hommes inconnus qui ont blessé le vigile, dérobé du matériel informatique et tenté d’y mettre le feu, entraînant l’organisation de deux journées dites « presse morte » par six journaux pro-Gbagbo les 24 et 25 août.

« Ces atteintes aux droits civils et politiques, notamment à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, ne favorisent pas le processus de consolidation de l’État de droit dans lequel les autorités ivoiriennes se sont engagées », a affirmé Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Il incombe aux autorités ivoiriennes de garantir leur respect », a-t-elle déclaré.

C’est également dans ce contexte fragile qu’est survenue une vague d’arrestations dans les rangs du FPI. Le 18 août, Alphonse Douati, secrétaire général adjoint du parti, était arrêté par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), puis détenu à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Le 24 août, le Ghana interpellait l’ancien porte parole en exil de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, aujourd’hui dans l’attente d’une éventuelle extradition vers la Côte d’Ivoire. Le 26 août, Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, a été interpellé à Adzope près d’Abidjan, alors qu’il se rendait à un meeting. Ce dernier, placé sous mandat de dépôt le 28 août, et inculpé pour trouble à l’ordre public pour des propos tenus lors d’une réunion du FPI le 3 août, a été condamné à 6 mois de prison ferme, le procureur ayant requis cinq ans de prison. Ces arrestations s’ajoutent aux détentions toujours en cours de Simone Gbagbo, épouse de l’ancien président, ainsi que de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI.

« Les procédures judiciaires nationales doivent avancer de manière transparente, indépendante et impartiale, tant sur les récents événements que sur la crise post-électorale. Rappelons que la Cour pénale internationale, saisie de la situation en Côte d’Ivoire, suit de près les procédures engagées au niveau national et évalue régulièrement la volonté et la capacité des autorités ivoiriennes à enquêter et poursuivre les plus hauts responsables des crimes internationaux commis dans le pays, quel que soit leur camp » a déclaré Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH. « Les autorités ivoiriennes doivent s’abstenir de contribuer au développement de sentiments de stigmatisation et de défiance au sein des populations, qui ne peuvent que crisper le processus de réconciliation nationale, défi pressant pour la Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté.

Auteur de l’article : Agence-Presse

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.