Tunisie: un groupe d’experts de l’ONU appelle le nouveau gouvernement à protéger et à renforcer les acquis en matière d’égalité et des droits fondamentaux des femmes

GENEVE, Suisse, 22 août 2012/African Press Organization (APO)/ — Le Groupe de travail des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique a appelé le nouveau gouvernement tunisien à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les acquis du pays en matière d’égalité, de non-discrimination et des droits fondamentaux des femmes, conformément à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme. À cet égard, les experts ont souligné les actions menées par les dirigeants successifs tunisiens pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes depuis l’indépendance du pays.

« Le Groupe de travail s’inquiète du fait que dans le cadre de la rédaction d’une nouvelle Constitution, en particulier son article 28, les gains en matière d’égalité et de droits fondamentaux des femmes ainsi que le statut des femmes dans la société acquis au cours des cinq dernières décades risquent de subir une rétrogression », a déclaré Kamala Chandrakirana.

Le projet de texte place les femmes sur un pied d’inégalité avec les hommes et ne les considère pas comme des individus indépendants, complets. Il délimite leur rôle comme étant « complémentaire à celui des hommes dans la famille » et ne parvient pas à faire en sorte que cette disposition s’applique de manière réciproque. « Les droits sont garantis aux femmes non par le fait qu’elles soient des êtres humains, mais plutôt sur la base qu’elles sont complémentaires aux homes », a souligné l’experte des droits de l’homme.

« Bien que le texte fasse référence au rôle des femmes dans la construction nationale, il conditionne ceci sur le fait que les femmes sont « complémentaires aux hommes », ce qui ne permet pas d’établir les bases d’une pleine indépendance et d’une autonomisation des femmes, ainsi que leur participation en tant que citoyennes actives pour le changement », a-t-elle expliqué.

Ces dernières années, la Tunisie a été à l’avant-garde des aspirations pour le changement, avec des demandes populaires pour la démocratie et les droits de l’homme qui ont inspiré le « printemps arabe ». Le 14 Janvier 2011, sa transition politique a débuté et en décembre, un gouvernement intérimaire a été nommé.

Pour le Groupe de travail, les transitions politiques telles que celle de la Tunisie offrent des opportunités sans précédent de nouveaux progrès et de consolidation des droits fondamentaux des femmes. « Les dirigeants du pays doivent les saisir pour le bien de leurs peuples, femmes et hommes de la même façon », souligne Mme Chandrakirana. « Aucune régression n’est dès lors permise « .

La quête d’égalité en Tunisie a été poursuivie pendant près d’un siècle par le mouvement des femmes et a inspiré le Gouvernement pour l’adoption du Code du statut personnel en 1956. Par conséquent, les femmes en Tunisie ont longtemps bénéficié d’une position admirée dans une région où il reste encore beaucoup à faire pour protéger et promouvoir les droits fondamentaux des femmes. « Le gouvernement actuel a l’obligation et la responsabilité de bâtir sur la base de ces accomplissements », a déclaré Mme Chandrakirana. « Alors que les gouvernements changent, les obligations internationales relatives aux droits de l’homme restent contraignantes ».

Le Gouvernement de la Tunisie a accepté une visite du groupe d’experts indépendants sur la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique dans le pays en novembre prochain. « Le Groupe de travail se réjouit de coopérer avec un large éventail d’intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux en vue de consolider et de faire progresser les droits fondamentaux des femmes en Tunisie », a-t-elle dit.

Auteur de l’article : Agence-Presse

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